On n’a jamais autant philosophé qu’aujourd’hui - mais les ouvrages ne suffisent pas à rendre la philosophie vivante et à intéresser les jeunes. Toute personne devrait commencer à réfléchir sur les concepts philosophiques dès qu’elle commence à parler et à socialiser. On peut s’intéresser aux phénomènes physiques, esthétiques, logiques... mais on ne fait de la philosophie que si notre démarche réflexive est marquée par l’autonomie de pensée, le sens critique et la responsabilité.

La philosophie oraleet vivante : la philovive



François La philosophie orale, vivante, comme je propose de la pratiquer, ne peut être solitaire: il ne s’agit pas de s’isoler avec un livre pour méditer, mais de dialoguer (au sens grec du terme: dia-logos, qui implique à la fois la rigueur de la construction du discours et un engagement individuel et social). Il s’agit de faire l’expérience de la pensée autonome, critique et responsable. Il ne s’agit donc en aucun cas d’étudier la philosophie, en se plongeant dans son histoire, mais de la pratiquer. Pour apprendre à faire confiance à sa pensée, et à mieux l’utiliser, il ne faut pas apprendre la philosophie, mais apprendre à faire de la philosophie : mettre en place des conditions d’apprentissage d’habiletés de penser permettant de devenir plus “raisonnable” (ouvrir son esprit de façon à raisonner avec d’autres personnes, utiliser la raison au profit du développement humain).

Ces habiletés sont à la base de tout apprentissage. De plus, la pratique de la philosophie arme pour faire face à toutes les situations de la vie, en développant le jugement.

Finalité

Développer les habiletés de penser pour rendre chacun de ceux qui s’engagent dans des processus de réflexion aptes à répondre aux changements rapides et fréquents de notre société, tout en permettant de donner un sens personnel à leurs actions.

Comment ?

En conviant les participants au débat à approfondir les concepts essentiels pour diriger leur vie (justice, beauté, vérité, liberté, différence, nature...). Cet approfondissement est le travail spécifique de la philosophie et la condition préalable pour porter des jugements éclairés: au cours du débat, les participants vont explorer leurs propres valeurs, acquérir une plus grande conscience de ce qui oriente leurs actions. C’est ce qui permet de raisonner avec cohérence et avec sensibilité. La discussion devient philosophique lorsque les participants, au lieu de se faire compétition, deviennent partenaires dans un projet de recherche commun: ils constituent, à proprement parler, une communauté de recherche où aucun participant n’essaie d’avoir raison, mais de découvrir la vérité de la façon la plus impartiale et la plus objective possible. Le débat est philosophique parce qu’il génère, à partir des croyances de chacun, une élévation de la pensée, du discours et de l’action.

Les participants prennent beaucoup de plaisir à clarifier des concepts philosophiques : le débat leur permet de prendre conscience du fait qu’ils pensent et qu’ils ont déjà pensé. Ils découvrent que leurs pensées ont une valeur, surtout celles qu’ils n’ont souvent exprimées à personne et qui fondent leur identité propre: ils apprennent à mieux penser par eux-mêmes. Penser est une activité naturelle, mais aussi une habileté perfectible.

La “philo vive” est une façon pragmatique de voir la philosophie. La conversation, dans un lieu où la coopération est privilégiée, a un effet générateur sur la compréhension, et conséquemment sur l’action. Le but politique est d’œuvrer à la croissance d’une société démocratique. Le dialogue éveille l’esprit à de nouvelles perceptions de la réalité, et, de ce fait, entraîne la pensée vers une réflexion intégratrice du nouveau avec l’ancien: individuellement, aucune personne n’est capable de justifier grand-chose, mais avec les autres, chacun se trouve capable de justifier un bon nombre de croyances.

Résultats prévisibles

Tout participant à des débats philosophiques exerce ses facultés intellectuelles et se découvre toute une panoplie de comportements cognitifs:

  • Fournir et demander de bonnes raisons
  • Faire de bonnes distinctions et de bons rapports
  • Tracer des inférences valides
  • Faire des hypothèses
  • Généraliser
  • Donner des contre-exemples
  • Découvrir des présupposés
  • Utiliser et reconnaître des critères
  • Poser de bonnes questions
  • Tirer des conséquences
  • Reconnaître les sophismes
  • Définir des concepts
  • Percevoir les relations
  • Bien juger
  • Être sensible au contexte
  • Apporter des alternatives
  • S’impliquer
  • Écouter activement (accepter facilement les critiques, être capable de reformuler les points de vue d’autrui, être capable de bâtir sa propre opinion à partir des idées des autres...)
  • Être ouvert aux idées nouvelles
  • Chercher la cohérence et la consistance dans l’argumentation d’un problème
  • Être capable de poser des questions pertinentes
  • Être capable d’énoncer les relations entre les moyens et les fins, entre la cause et l’effet
  • Se sentir à l’aise, concevoir et émettre des idées personnelles, et ce, sans peur et sans gêne.

La pratique de la philosophie concerne la qualité de la vie: elle doit libérer des conventions, des opinions courantes et des préjugés dans lesquels nous sommes susceptibles de nous laisser enfermer. Penser est une activité naturelle, mais aussi une habileté perfectible.








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