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LE RAVISSEMENT DE LA REALITE

Que cherchent à saisir la science et l'art de l'être humain ?

La philosophie cherche à saisir de l'être humain quelque chose qui ne soit pas une simple image. Voir est merveilleux. Quand cela devient trop merveilleux, nous ne voyons plus : nous contemplons. Nous sommes en extase devant la beauté de l'objet qui nous ravit, sans prétendre en saisir quoi que ce soit : c'est nous qui sommes saisis.







La philosophie cherche à saisir l'homme, c'est-à-dire nous tous, ce que nous sommes. Problème : nous sommes nos propres ravisseurs quand nous nous contemplons.

Quelle est l'image de l'homme ?
Je pourrais montrer la planète Terre : c'est son habitat, ça n'est pas l'homme. Zoomons sur une ville : c'est l'oeuvre de l'homme, ça n'est pas l'homme. Zoomons sur un quartier, présentons une photo de famille, d'un homme et d'une femme nus, des radio de leurs organes, de chaque partie de chacun de leurs organes : nous ne révèlons pas pour autant ce qu'est l'Homme.






Il suffit de regarder une chose pour que son unité s'éparpille. On ne voit pas les six faces d'un cube. En faisant varier le lieu de l'oeil d'un observateur, je fais disparaître l'ensemble, je fais apparaître des détails : la vue "idéale" serait celle où je pourrais à la fois voir ensemble et détails. Pour voir d'une façon philosophique il faut interpréter, percevoir -mais pas d'une façon sensible.





C'est l'âme qui voit, et non pas l'oeil
Descartes

Les sens ne suffisent pas, ils ne donnent jamais que des parties, des exemples, c'est-à-dire des vérités particulières ou individuelles.

La réalité de l'homme, que la philosoophie cherche à saisir, c'est l'homme en tant qu'impossible à chosifier : insaisisable, invisible.

Comprendre signifie être pris, pas montrer. Je comprends l'homme quand Rousseau le distingue des autres êtres vivants par sa perfectibilité (l'homme est un singe nu né sans griffes ni crocs ni poils : il volera ceux des animaux, ravissant leurs qualités). Comprenant l'homme ainsi, je me comprends (je suis compris dans l'homme) : je peux progresser, parce que je manque de qualités.
Qu'ai-je compris là ? Que je suis un homme, que ce qui le concerne me concerne. Et, surtout, qu'il est défini par ses manques.

L'homme, c'est sa conscience, pas ses organes.
Si on me coupe les jambes, je reste encore un homme, et celui qui m'aura croisé en fauteuil roulant ne dira pas "j'ai croisé la moitié de François Housset" : l'humain n'est pas la somme de ses parties. Je suis ma conscience. Une conscience n'est pas une chose photographiable, mesurable, observable dans une éprouvette.





La conscience est floue : troublée, n'existant pas par elle-même (vous avez conscience de me lire, pas conscience tout court), la conscience est ravie par autre qu'elle, jamais isolable. L'homme peut donc enfin être défini comme un être-en-relation. On commence à peine à le comprendre en disant cela. Comprendre l'homme signifie le relier.

Comprendre une chose, une situation, une idée, c'est l'intégrer dans un système qui est lui-même intelligible parce qu'il est un système de relation"
Cuviller

La philosophie cherche à saisir cela : la relation humaine qui rend l'homme intelligible. Comprendre l'homme, c'est embrasser par la pensée les qualités de cet être-en-relation. Rien de plus beau, pour un homme, que d'embrasser l'humanité c'est la joie telle que la conçoit Spinoza : l'adéquation avec les Autres.

Ce qui ravit le philosophe : l'Autre.

François Housset
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Commentaires

Il faut que je les serve, elles.

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