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La responsabilité

Quelques pistes, repères, clefs, sur la déontologie, l'éthique et la responsabilité en travail social, à l'attention des étudiants qui se destinent au travail social, ou qui sont déjà éducateurs spécialisés.

PLAN

1) INTRO : reflexion individuelle ou par petits groupes : « De quoi sommes-nous responsables ? »

Responsabilité dans le système juridique français actuel : fondement de la responsabilité, circonstances atténuantes, irresponsabilité, critiques avancées quant à la légitimité du principe de responsabilité

2) L’ERREUR ET LA FAUTE reflexion individuelle ou par petits groupes :
“Nul n’est censé ignorer la loi”
“Nul n’est méchant volontairement”

L’influence de l’erreur sur la responsabilité
L’état de nécessité
Inconscient et responsabilité
Maladie mentale et responsabilité
Althusser : le « non responsable » coupable.

3) LA CAUSE / L’auteur
La responsabilité limite-t-elle la liberté ?
Causalité et responsabilité : “pourquoi on fait des bêtises ?”

Causes de l’irresponsabilité :
Conception aristotélicienne & thomiste de la responsabilité
La conception de la responsabilité : généalogie de la morale
La faute dans le rationalisme de la pensée cartésienne
Critique d’une philosophie de la responsabilité : le déterminisme
-Spinoza : exclut le libre arbitre
-Leibniz : ramène tout à une cause antérieure
Laplace, C Bernard : déterminisme absolu

Bibliographies (notamment celles de Christophe Daadouch et Jean-Marie HEROUIN) et citations en fin de page.





DR




1) INTRODUCTION :

reflexion individuelle ou par petits groupes :
« De quoi suis-je responsable ? »

-De la sécurité de l’usager, notamment. -Mais il n’est pas seul, c’est souvent toute une équipe qui se partage cette responsabilité… - Et si l’usager est un enfant, ses parents ou tuteurs sont aussi responsables de lui… - Et l’usager aussi est responsable : s’il se suicide par exemple, on ne pourra pas vraiment accuser ceux qui l’entourent…

On s’étonne de devoir assumer toutes les conséquences qui pourraient découler de chacun de nos actes, voire des comportements d’autrui : comment devrions-nous répondre des actes commis par un autre ? Il est toujours difficile de préciser de quoi on est responsable, sans être tenté de diluer cette responsabilité… jusqu’à s’en laver les mains ! Très franchement, il semble plus confortable de ne se reconnaître jamais responsable de rien ! Le plus simple serait de n’assumer aucune responsabilité . Il y a moyen de le prétendre : « ce n’est pas moi, c’est la faute à… ».

« Nous ne sommes responsables de rien » !?
Observons les conséquences de cette affirmation : si nous n’assumons aucune responsabilité, nous ne pouvons être jugé pour rien, puisque nous ne répondons de rien. Mais nous déclarons n’avoir aucune fiabilité : nous ne pouvons promettre quoi que ce soit, et sommes dans l’incapacité de nous engager. L’irresponsabilité condamne à enchaîner les actes gratuits. Mieux vaut donc payer le prix de la liberté. Agir, c’est d’emblée se reconnaître responsable.

L’irresponsabilité totale est impossible, parfaitement illogique : on est toujours responsable, qu’on le revendique ou non, responsable à la fois de ce que l’on fait et de ce que l’on ne fait pas. Celui qui prétend n’être responsable de rien ne se soucie pas de la violence qui l’entoure : il la permet donc ; il ne s’aperçoit pas de la misère et de la corruption qui règnent : il les cautionne par son indifférence ; il reste passif plutôt que de lutter contre le mensonge, le crime : il les encourage ! Être irresponsable, c’est être immoral. Tolérer l'intolérance par exemple, c'est s'en faire complice.

On est responsable de soi, donc de ce dont on est la cause, de ce à quoi on participe. Exister, c’est s’engager, répondre de ses actes. Et pleinement : se considérer soi-même revient à se voir porter des responsabilités. On est ce que l’on fait : nous sommes responsables de ce que nous faisons (ou ne faisons pas), ni plus ni moins.

La difficulté consiste à déterminer dans chaque situation concrête jusqu’à quel point c’est bien nous-mêmes qui agissons. S’il n’y a dans nos actions quelque principe ignoré (l’inconscient) ou dissimulé (la mauvaise foi), dans quelle mesure sommes-nous « assez » au principe de nos actions pour pouvoir en répondre ?
Freud nous explique que nos actes sont « assez » déterminés par l’inconscient pour que la conscience ne les assume plus, Sartre montre que nous sommes « assez » de mauvaise foi pour ne pas reconnaître notre propre responsabilité. Comment déterminer la juste mesure entre la responsabilité totale (j’ai une conscience, je suis l’auteur de mes actes, qui tous ont leurs conséquences, imputables à mes actes) et la totale irresponsabilité. (je ne porte pas le monde, je ne suis pas un dieu, et puis je ne fais pas toujours exprès de faire ce que je fais) ?




Sur quoi se fonde LA RESPONSABILITE JURIDIQUE ?
Forgée dès l’Antiquité, elle nous est parvenue remodelée par le christianisme. Fondée sur la raison, elle s’est imprégnée de la faute chrétienne. Le concept de responsabilité qui n’était que rationnel est devenu moral. Quand aujourd’hui nous jugeons qu’une personne est responsable, nous la désignons à la fois comme cause de l’acte délictieux, et comme coupable de cette faute. L’auteur du méfait est doué d’un libre-arbitre : il aurait pu se comporter de façon à éviter la faute, c’est donc sa faute, sa très grande faute.

Chacun est parfaitement libre d’agir en son âme et conscience, mais à cette liberté s’ajoute le devoir de réparer, ou plutôt de rééquilibrer, tout ce que l’acte libre a pu amener comme déséquilibre. Une personne responsable doit rétablir l’équilibre perturbé, l’ordre bafoué, et avant tout elle doit rendre possible l’empêchement de tout acte délictueux.
Certains actes dommageables et fautifs sont pourtant excusables, et la loi le prévoit. Un « fait justificatif » entraîne la disparition à la fois de la responsabilité pénale et de la responsabilité civile. Cette excuse, ce « fait justificatif » est une circonstance objective, indépendante de la volonté de l’agent.

Les circonstances atténuantes : comment plaider l’irresponsabilité

Certains faits (notamment l’état de l’auteur de l’infraction) peuvent être considérés comme des circonstances d’atténuation de la responsabilité. Ces faits permettent de supposer que cette personne n’était animée d’aucune intention de nuire. Selon le code pénal, la sanction est légitime lorsque l’auteur du méfait peut comprendre les conséquences de sa conduite et le reproche qu’on lui fait. N’est donc responsable que celui qui agit délibérément et en connaissance de cause.

Les articles 122.1 à 122.8 du code pénal évoquent l’ensemble des facteurs abolissant ou diminuant la responsabilité de l’auteur du crime ou du délit.

Ainsi, selon l’article 122.1 du code pénal « n'est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes. La personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes demeure punissable; toutefois, la juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu'elle détermine la peine et en fixe le régime ».

Selon l’article 122.2 « n'est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l'empire d'une force ou d'une contrainte à laquelle elle n'a pu résister ».

Selon l’article 122.3 « n'est pas pénalement responsable la personne qui justifie avoir cru, par une erreur sur le droit qu'elle n'était pas en mesure d'éviter, pouvoir légitimement accomplir l'acte ».

Selon l’article 122.4 « n'est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou réglementaires. N'est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte commandé par l'autorité légitime, sauf si cet acte est manifestement illégal ».
Selon l’article 122.5 « n'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l'atteinte. N'est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l'exécution d'un crime ou d'un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu'un homicide volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de l'infraction ».

Selon l’article 122.6 « est présumé avoir agi en état de légitime défense celui qui accomplit l'acte : l Pour repousser, de nuit, l'entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité; 2 Pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence ».

Selon l’article 122.7 « n'est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s'il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace ».
Selon l’article 122.8 « les mineurs reconnus coupables d'infractions pénales font l'objet des mesures de protection, d'assistance, de surveillance et d'éducation dans les conditions fixées par une loi particulière. Cette loi déterminé également les conditions dans lesquelles les peines peuvent être prononcées à l'encontre des mineurs âgés de plus de treize ans »


CRITIQUE
Le principe de responsabilité est au fondement de tout notre système juridique. On peut critiquer ce principe, et le considérer comme illégitime.

D’abord le principe de responsabilité juridique postule que chacun dispose d’une liberté et d’une raison suffisantes pour agir en conscience. Il suppose que chaque auteur de chaque action est autonome, et s’autodétermine. Or le comportement humain peut être produit par l’interaction avec d’autres individus, modelé par un environnement. C’est justement parce qu’on sait qu’un comportement est modelable qu’on cherche à l’influencer : la punition est conçue pour qu’un comportement inadéquat ne se répète pas, la récompense invite les bonnes actions à se renouveler. Un comportement dépend donc de ses suites : les français conduisent moins vite depuis quelques années pour ne pas perdre des points de permis. Ce n’est pas parce qu’un homme se prétend maître de ses actes qu’ils ne sont pas déterminés par des causes qui lui sont extérieures. Selon les déterministes, tout comportement est aussi prévisible qu’un phénomène naturel : exit le libre arbitre ! Cette conception exclut le principe de responsabilité et remet en cause toute notre institution judiciaire.





2) L’ERREUR ET LA FAUTE

L’influence de l’erreur sur la responsabilité
L’état de nécessité
Inconscient et responsabilité
Maladie mentale et responsabilité

Reflexion individuelle ou par petits groupes : “Nul n’est censé ignorer la loi” “Nul n’est méchant volontairement”



Nul n’est censé ignorer la loi
Même mal, nous connaissons les règles du jeu : ceux qui le nient encore sont de mauvaise foi, de mauvais joueurs. L’histoire (ancienne et contemporaine) nous montre comment nous en avons élaboré les règles ensemble. Discutée publiquement, la loi se construit à coups de votes : il en faut de la mauvaise volonté pour l’ignorer ! La loi est la règle nous permettant d’évoluer dans un même cadre : c’est un contrat nécessaire, déterminant notre état social. S’affirmer citoyens, c’est signer ce contrat. Premier paradoxe : il suffit d’être né quelque part pour devoir obéir à des lois singulières. Chacun doit reconnaître les lois du lieu dans lequel il se trouve, s’y soumettre comme on prend un train en marche... Vu sous cet angle, le contrat est léonin.
Nul n’est censé ignorer la loi. Ce principe gouverne tous les systèmes juridiques. Admettre que quelqu’un puisse l’ignorer, c’est reconnaître d’emblée l’innocence, rendre injustes les sanctions. D’où ce postulat : le citoyen n’a pas le droit de ne pas connaître la loi. C’est un postulat nécessaire, mais c’est en même temps une fiction juridique. Plus de mille lois sont votées chaque année, des milliers de pages sont écrites et corrigées sans cesse : codes civil, pénal, européen, international... sans compter les jurisprudences. Personne ne peut connaître toute la loi. De fait, chacun peut être en infraction, sans le savoir. Nous conservons malgré tout ce postulat démocratique : nul n’échappe à la loi, donc tout homme est concerné. Parce que l’ignorer, cela peut être ne pas vouloir savoir, utiliser le “je veux pas le savoir” de l’adjudant arbitraire... La loi, formelle, doit être incontestable, donc reconnue par tous. Quand bien même elle est méconnue.

Les hors-la-loi et les bons citoyens
SOCRATE fut condamné à mort pour impiété. Il accepta sa condamnation injuste, alors même qu’il pouvait se défiler. Il avait soutenu que les lois devaient être le moyen de favoriser l’intérêt général, quand chacun ne pense qu’à son intérêt particulier : chacun étant tout naturellement égoïste, les lois doivent forcer les hommes à se soucier du bien public, dans leur intérêt même. Socrate est le premier philosophe reconnu comme tel. Il pense et vit ce qu’il dit. C‘est pourquoi il ne se sent pas en droit de désobéir aux lois après avoir affirmé qu’elles sont le ciment de la Cité : ou bien tout citoyen doit y obéir, ou bien nous ne pouvons plus parler de politique, et chacun ne pense qu’à son intérêt. C’est pourquoi Socrate accepte sa condamnation à mort, alors même qu’elle est injuste. Et le voici qui boit la ciguë pour la Cité qui l’a condamné.
L’ABBÉ PIERRE, fidèle insoumis, aidait des gens qui n’avaient plus de toit à accaparer ceux qui étaient vacants. Avec Emmaüs, puis Droit au Logement, cet homme s’est maintes fois mis hors la loi. À ceux qui lui disaient “vous n’avez pas le droit d’entrer ici, c’est une propriété privée !”, il répondait “je fais respecter un droit que vous ne pouvez contester : le droit de vivre.” Quel toupet et quel paradoxe ! Comment trouvait-il la force d’affirmer que la loi était illégale ? Il n’est pas le seul, ce qui oblige à constater que deux mille ans après Socrate, les hommes n’ont pas encore “compris” qu’il n’est pas permis d’ignorer les lois, même quand elles ne sont pas justes.
L’histoire fourmille de héros ayant fait passer leur conscience avant les règlements.
Les “mauvais citoyens” pullulent -et pas des moindres : le Gandhi qui s’opposa à la loi anglaise, ou le De Gaule qui refusa celle de Pétain, étaient des insoumis dont les comportements immoraux entachèrent drôlement l’histoire. Tout cela ne vaut pas un bon Socrate, se sacrifiant pour sa Cité... injuste, qui d’ailleurs meurt elle aussi de toute façon.
De “mauvais citoyens” clament sur la place publique : “je vais faire quelque chose qui est interdit par la loi, et je vais le faire exprès, pertinemment, pour contester la valeur de la loi à laquelle je m’oppose : j’affirme avoir raison envers et contre tout”. Quel toupet ! Ignorant superbement la loi, ces effrontés sont condamnables. Et pourtant l’histoire peut leur donner raison. Ainsi se modernise le droit ! Souvenons nous des ostensibles provocations, de ces “salopes” osant annoncer publiquement qu’elles avaient avorté, quand l’avortement était pourtant interdit par la loi. Souvenons nous de ces “traîtres” affirmant opter pour la “désobéissance civique” en refusant de prévenir la préfecture quand ils invitaient un étranger sous leur toit. C’est parfois la loi qui doit se plier, s’ajuster devant une réalité qu’elle a trop superbement ignorée.

Nul n’ignore l’absurde
Les lois peuvent dire n’importe quoi : il suffit de les torturer un brin. Et torturées, elles le sont quotidiennement. Même avec la meilleure volonté du monde, les législateurs ne peuvent ériger un système parfaitement cohérent. Résultat : les règles contradictoires fourmillent. Un bon avocat saura “faire parler” les textes, et leur inventera le sens qui convient. Alors la loi n’est plus le cadre.
Ce qui est respectable doit avoir un sens. Par exemple, que nous soyons tous égaux devant la loi suppose la suppression du droit (du prétendu droit) du plus fort. Mais on est face à l’absurde : soit on obéit sans comprendre (et l’on n’aura pas observé le sens de la loi), soit on adopte une éthique nécessairement singulière... et on n’obéit plus qu’aux règles qu’on juge bonnes. Les diverses ignorances
• Soit on ignore absolument la loi (faute d’être assez intelligent ou instruit pour savoir qu’il existe une référence commune permettant de régler certains aspects de la vie en société, qu’on appelle “la loi” établie par nos représentants, dont les textes sont rendus publics), et alors nul n’est censé ignorer la loi, parce que nul n’est censé être idiot au point de ne pas savoir qu’il y a des règles.
• Soit on ignore certaines lois, faute de connaître tous les textes : cette ignorance toute relative est une nécessité. Nul n’est omniscient.
• Soit on ne veut pas savoir qu’il y a la loi, on refuse délibérément les devoirs inhérents au “bon citoyen”. C’est cette troisième attitude qui permet de poser pertinemment le problème. On choisit une attitude qui peut être tenue comme irresponsable, en ignorant consciemment : savoir c’est devoir, ne pas vouloir savoir, c’est refuser le devoir. On reste pourtant responsable d’avoir choisi le camp du hors la loi. Il faut alors distinguer deux cas.
1. Celui du “méchant” ignorant superbement (il vaudrait mieux dire “monstrueusement”) que la loi protège les hommes les uns des autres, parce que son ego veut faire fi des lois : il fera passer ses désirs avant l’intérêt général, préférera la loi de la jungle à la jungle des lois.
2. Celui du “gentil” qui considère qu’une loi est injuste, et qui y désobéit au nom de l’intérêt de tous.

Le droit, de quel droit ?
Les lois sont énoncées pour remplacer l’état de fait par l’état de droit... mais les faits sont là. Les lois ne sont jamais énoncées que pour ce qui ne va pas de soi, que pour modifier un état de fait intolérable : les faits ne devraient pas être ce qu’ils sont ! contestons ! désobéissons ! Allons dans la rue, réclamons, changeons ! Ainsi font de nombreux humanistes... mais pourquoi pas aussi de nombreux fascistes ? Le pouvoir de la rue est aussi nécessaire qu’effrayant : et si des lobbies réclamaient le droit de lyncher ? Qui conteste les lois, qui fait passer sa conscience avant la raison d’État, autorise quiconque à écouter et satisfaire ses propres désirs plutôt que “raison” garder.
Qui n’a jamais voulu tuer ? Qui n’a pesté alors, qu’il y ait des lois empêchant de commettre l’irréparable ? Si les lois nous semblaient toutes bonnes et si nous ne nous accordions plus le droit de contester leur valeur, nous abandonnerions tout bonnement notre conscience au législateur et, ne vivant que gouvernés par des lois toujours appliquées, nous saurions être de paisibles esclaves dans le meilleur des mondes. Mais si nous contestons l’autorité publique, nous devons carrément vivre sans loi, ou plutôt dans la loi de la rue, la loi de la jungle : l’anarchie ne vaut que s’il y a bel et bien une loi morale en chaque conscience, et qui s’accorde avec les autres. La désobéissance civique, quoiqu’elle paraisse nécessaire, est à n’utiliser jamais qu’en dernier recours, avec la prudence du manipulateur d’explosifs.

Être juste, est-ce obéir aux lois ?
Il ne semble pas que l’on soit juste en obéissant au code de la route. Les lois ne rendent pas juste, elles garantissent simplement les acquis de la société et sa constitution même. Si les lois étaient évidemment justes, les contrevenants seraient moralement condamnables. Or il ne semble pas que la légalité soit suffisante pour fonder le juste. Pour le soutenir, on se réfère à un droit idéal, on rêve à l’ensemble des lois qui devraient exister, ce qui ouvre hélas la porte aux fanatiques. Si être juste c’est reconnaître la loi, il faut convenir que la justice qu’elle définit n’est pas morale : se plier devant le règlement, ce n’est pas être juste, c’est abandonner sa propre conscience à la législation qui seule répondrait à la question “que dois-je faire ?”. Le bon citoyen doit se demander quoi faire, c'est-à-dire ce qu’il est bon de faire. La responsabilité ne se réfugie pas dans le devoir - ou, s’il est un devoir, c’est seulement celui d’obéir à la nécessité (exemple : “je dois manger”). S’interdire la critique et le non-respect, c’est restreindre la raison, ne s’autoriser que des idée courtes. Pour le dire de façon plus positive, s’autoriser la critique, c’est ouvrir sa raison, autoriser la progression des idées.

Il n’y a pas d’éthique collective. L’éthique est toujours individuelle. La dialectique réclame que chacun accepte de mettre sa conviction au contact de celle des autres -à condition d’avoir répondu devant soi de ce qu’on fait. Les lois ne doivent jamais qu’instituer ce qui est déjà devenu légitime : l’obligation morale fonde la politique. C’est pour l’avoir oublié que le législateur voit des lois sans effet : les mœurs dirigent tout. Les lois sont fondées sur un assentiment interne : être juste, c’est être moral avant d’obéir aux lois... qui doivent avoir un fondement moral. On n’obéit à la loi que parce qu’elle est légitime. Platon l’a superbement démontré : les lois sont nécessaires parce qu’elles ne se préoccupent que de l’intérêt commun, alors que chacun serait tenté de ne se préoccuper que de son intérêt individuel. Les lois sont nécessaires pour supplanter l’aveuglement et l’inconstance des hommes. Mais les lois ne sont que nécessaires. Elles ne sont pas suffisantes. Si les hommes étaient capables de discerner le bien commun et de s’y tenir, il n’y aurait nul besoin de règlements. Les lois ne dédouanent pas la raison de s’efforcer au bien. Nul n’est censé perdre son jugement, et c’est avant tout la raison qui fait reconnaître la nécessité des lois.




Nul n’est méchant volontairement
Tout le monde il est gentil ! Prenez la pire des brutes. Prenez son parti, défendez-la bien : vous lui trouverez de bonnes excuses. Vous arriverez à la comprendre, et justifierez son action. Prenez encore deux belligérants, demandez leur pourquoi ils se battent : chacun montrera l’autre du doigt. Car le méchant, c’est l’autre, chacun en est convaincu. Cette conviction amène le constat de Platon : personne ne veut faire le mal. Dès lors, comment accuser quelqu’un qui commettrait les pires atrocités ? Nulle méchanceté là-dedans, si chacun ne cherche que le bien : c’est donc la faute à la société, à la famille, aux lois, aux circonstances, aux situations qui se sont enchaînées jusqu’à se précipiter... mais pas aux mauvaises volontés ! Il n’y a plus de mauvaise volonté ! Alors on explique le pire par de simples faits venant se conjuguer pour aboutir au pire comme au meilleur : puisqu’il n’y a pas de volonté de nuire, il n’y a plus d’assassinat, mais des coups qui partent tout seuls. Le méchant n’existe pas. Ne restent que de pauvres types qui croyaient bien faire, mais qui se sont simplement trompés. Qui n’ont pas su bien agir mais qui ne pouvaient que le vouloir. Foin de bonne conscience et de mauvaise foi, qui présentent la volonté comme efficace dans la seule mesure où elle nous ferait pencher vers le bien : les malfaiteurs seraient de pauvres victimes voyant le meilleur mais faisant le pire, déterminés à nuire par quelque affect extérieur, mais jamais responsables, puisque tous de bonne volonté ! On reconnaît trop la grossière théorie des circonstances atténuantes. Nul n’est à l’abri de circonstances extérieures amenant à commettre un méfait, de ces circonstances qui en un clin d’œil vous transforment un ange en tueur. Notre volonté paraît dès lors minable : se paonnant quand tout lui sourit, elle crie “ce n’est pas ma faute !” à la première rafale. Facile...
Le problème est moral : il s’agit de juger l’Homme, rien de moins. Est-il bon ? Est-il mauvais ? Difficile de parler ainsi de l’Homme avec un H majuscule : personne ne le connaît, personne ne l’a jamais rencontré. Il se veut fondamentalement bon. Mais assez lâche tout de même, pour se faire esclave, pour être la cause du malheur d’autrui (en le regrettant !), pour agresser juste histoire de calmer ses nerfs. Et voilà le responsable : les nerfs. C’est que ça s’échauffe vite, “on n’y peut rien”... Nous voilà qui nous contemplons en train d’agir par forces forcées, pathologiquement déterminés par des pulsions incoercibles ! Les nerfs, les passions, sont tellement plus efficaces que la meilleure des volonté, quand le sujet agit en disant “c’est plus fort que moi” ! Voilà l’inconscient qui nous pousse, nous meut, la bonne intention qui tourne mal... Non, il n’y a pas de méchant, puisqu’un méchant ferait le mal volontairement -et qui voudrait le mal ? Le bien n’est-il pas, par définition, préférable au bien ? Ceux à qui nous nuisons deviendront nécessairement pires, on ne vainc pas la haine par la haine, mais par l’amour, bref, ça fait mal de faire mal. Alors pourquoi l’Homme est-il encore le pire des maux pour l’Homme ? Il faut que l’Homme soit fou, masochiste, cruel malgré son propre intérêt, pour préférer le mal au bien ! Hypothèses inacceptables tant qu’on choisit l’humanisme : l’Homme est raisonnable... et le voilà bon, nécessairement, fondamentalement, quoiqu’il puisse être le plus barbare !
Une fois notre anthropocentrisme primaire étalé au grand jour, il nous faut reconnaître que l’homme est une sale bête : il ne devrait pas vouloir nuire à l’humanité, qui est son plus grand bien, et le voila qui la hache menu... L’homme ne devrait pas avoir le droit d’être en tort, et pourtant nous le sommes tous. Il nous faut, ô stupeur, accepter d’être faillibles. Difficile. On accuse l’inconscient derechef : c’est pas nous, c’est lui. On se reconnaît lâche enfin. Donc méchant : celui qui se ferme les yeux est le méchant, parce qu’il refuse de voir les conséquences de ses actes. La méchanceté ne nous concerne pas, seule l’erreur est humaine. Mais agir, c’est poursuivre, poursuivre c’est préférer, donc poser des valeurs. L’erreur est humaine, l’erreur est méchante !



L’influence de l’erreur sur la responsabilité
Le droit distingue les erreurs portant sur le droit de celles portant sur le fait. L’erreur de droit est une méconnaissance de la loi qui amène l’individu à commettre un acte illicite. L’individu obligé de connaître la loi est nécessairement responsable, cependant la sanction sera minimisée parce qu’il n’a pas commis de faute intentionnellement : sa responsabilité s’en trouve atténuée. Il évite la peine ordinaire, mais sera tout de même jugé. Ce n’est pas parce qu’il méconnaît la loi qu’il est incapable d’appréhender la légitimité de ses actes.
L’erreur de fait désigne l’inconscience de celui qui commet l’infraction. Celui qui emporte la veste d’autrui parce qu’il la confondue avec la sienne n’a pas voulu voler, son délit n’est pas intentionnel. Il n’est donc pas coupable, il est irresponsable de son acte.

L’état de nécessité
Lorsqu’un individu se trouve contraint de commettre un délit, il bénéficie d’une excuse atténuant sa responsabilité. Les juristes (indulgents pour la plupart : la personnalité du coupable n’est ni perverse ni sadique, il agit sans volonté de nuire) ne s’accordent pas tous sur ce type d’argument : le vol manifeste l’intention de s’approprier un objet, ce qui exclut une réelle bonne volonté.



Inconscient et responsabilité
Nos pulsions exigent satisfaction : il faut, explique Freud, une puissance gigantesque pour les empêcher de nous dominer. Même quand nous ne « pensons à rien » la violence et le sexe nous obsèdent, mais généralement nous ne passons pas à l’acte (sinon les rues seraient pleines de cadavres et de femmes enceintes, les profs de philo seraient torturés par leurs élèves…). Obéir à ses pulsions est inacceptable en société : cette société interdit leur assouvissement, les réprime. L’ éducation a pour but de les refouler, en camisolant les fous furieux que nous sommes tous. Nous intégrons si bien ce refoulement que très vite nous le pratiquons nous-mêmes : un « surmoi » veille en nous et condamne nos transgressions en les qualifiant d’anormales.

"Un adage nous déconseille de servir deux maîtres à la fois. Pour le pauvre moi la chose est bien pire, il a à servir trois maîtres sévères et s’efforce de mettre de l’harmonie dans leurs exigences. Celles-ci sont toujours contradictoires et il paraît souvent impossible de les concilier ; rien d’étonnant dès lors à ce que souvent le moi échoue dans sa mission. Les trois despotes sont le monde extérieur, le surmoi et le ça. Quand on observe les efforts que tente le moi pour se montrer équitable envers les trois à la fois, ou plutôt pour leur obéir, on ne regrette plus d’avoir personnifié le moi, de lui avoir donné une existence propre. Il se sent comprimé de trois côtés, menacé de trois périls différents auxquels il réagit, en cas de détresse, par la production d’angoisse. Tirant son origine des expériences de la perception, il est destiné à représenter les exigences du monde extérieur, mais il tient cependant à rester le fidèle serviteur du ça, à demeurer avec lui sur le pied d’une bonne entente, à être considéré par lui comme un objet et à s’attirer sa libido. En assurant le contact entre le ça et la réalité, il se voit souvent contraint de revêtir de rationalisations préconscientes les ordres inconscients donnés par le ça, d’apaiser les conflits du ça avec la réalité et, faisant preuve de fausseté diplomatique, de paraître tenir compte de la réalité, même quand le ça demeure inflexible et intraitable. D’autre part, le surmoi sévère ne le perd pas de vue et, indifférent aux difficultés opposées par le ça et le monde extérieur, lui impose les règles déterminées de son comportement. S’il vient à désobéir au surmoi, il est puni par de pénibles sentiments d’infériorité et de culpabilité. Le moi ainsi pressé par le ça, opprimé par le surmoi, repoussé par la réalité, lutte pour accomplir sa tâche économique, rétablir l’harmonie entre les diverses forces et influences qui agissent en et sur lui : nous comprenons ainsi pourquoi nous sommes souvent forcés de nous écrier : « Ah, la vie n’est pas facile !"
Freud, Nouvelles Conférences de psychanalyse




Responsabilité et maladie mentale
Un malade mental est-il responsable ? Problème philosophique, posé suite à une infraction à la loi civile ou morale. La responsabilité est la capacité à répondre de ses actes : les expliquer, les justifier et les légitimer. Une personne responsable ne justifiera pas tous ses actes, mais sera supposée capable de les justifier : ce qui importe est sa capacité intellectuelle à se justifier. Le même meurtre, injustifiable, sera puni si l’auteur est supposé responsable, et impuni si son auteur est un malade mental.

L’article 122-1 du Nouveau Code pénal distingue d’une part le « discernement », c’est-à-dire la capacité de comprendre – par exemple la gravité d’un acte –, qui peut être « aboli » ou seulement « altéré », et d’autre part le « contrôle des actes », autrement dit la capacité de vouloir – vouloir accomplir un acte –, qui peut être « aboli » ou seulement « entravé ». Si le discernement ou le contrôle des actes est aboli, la personne est considérée comme pénalement irresponsable et n’est donc pas punissable. Si le discernement n’est qu’altéré ou si le contrôle des actes n’est qu’entravé, la personne « demeure punissable », ce qui montre qu’elle n’est pas considérée comme pénalement irresponsable. Mais est-elle pour autant pleinement responsable ? Autrement dit, une personne n’est-elle que responsable ou irresponsable, ou bien y a-t-il entre ces deux situations place pour une responsabilité partielle ? Autrement dit encore, faut-il penser que la responsabilité est, comme la République, « une et indivisible », ou qu’elle admet plusieurs “degrés” ? L’article 122-1 ne répond pas explicitement à ces questions. On peut néanmoins remarquer que le fait d’être punissable est conditionné par le fait d’être pénalement responsable. L’alinéa 2, en suggérant à son terme les circonstances atténuantes en cas de trouble partiel, admet donc implicitement une responsabilité partielle, si l’on veut bien admettre qu’il y a “proportionnalité”, pour une même infraction, entre le “degré” de responsabilité supposé et la peine encourue. Voilà qui nous permet de préciser notre question initiale : peut-on n’être que partiellement responsable de ses actes ? Il faut noter ici que la législation a évolué sur ce point : l’article 64 de l’ancien Code pénal de 1810, appliqué jusqu’en 1994, qu’Althusser mentionne dans L’avenir dure longtemps et auquel il dut son non-lieu (Cf. supra) stipulait : « Il n’y a ni crime, ni délit, lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l’action ». Cet article n’admettait théoriquement que deux possibilités, la démence et la “normalité”. Dans la pratique, les juges accordaient parfois les circonstances atténuantes au coupable, lorsque le trouble mental n’était manifestement que partiel ou passager, sans que la loi le permette explicitement. Le Nouveau Code pénal, avec l’article 122-1, n’a donc fait qu’entériner une pratique déjà existante.

Mais une réflexion philosophique sur la notion de responsabilité ne doit pas se sentir liée par les textes de loi. D’un point de vue conceptuel, on peut dire que la responsabilité, au sens large du terme, renvoie à la liberté. Si on peut considérer le malade mental comme irresponsable, comme étant manifestement incapable de répondre de ses actes, ce ne peut être que dans la mesure où il ne semble pas choisir son comportement : des actes manifestement déraisonnables ou irrationnels, qu’ils soient illégaux ou non, ne résultent pas d’un véritable choix, notion qui suppose la possession et l’exercice de la raison. A nouveau, la question de la “graduation” se pose : la raison est-elle, comme le pense Descartes, « tout entière en un chacun » ? Ou au contraire peut-on perdre “un peu” de sa raison ? Dans ce cas, peut-on n’être que partiellement libre ? Force est de constater que certains philosophes ont “oublié” le problème de la folie dans leurs théories de la responsabilité.
Pour sa part, Kant semble nier la culpabilité du fou : « Lorsque quelqu’un a délibérément occasionné un malheur et que, pour savoir s’il est coupable et de quelle culpabilité son acte relève, il faut donc, préalablement, déterminer s’il était alors fou ou non, (…) ». Il ajoute que « la question de savoir si l’accusé, lors de son acte, était en possession de sa capacité naturelle d’entendement et de jugement est entièrement d’ordre psychologique », ce qui signifie pour lui que « la faculté de médecine » et « le juge » sont incompétents pour y répondre : seule « la faculté de philosophie » peut y prétendre. Signalons néanmoins que si Kant fait relever l’étude psychologique des malades mentaux de la philosophie et non de la médecine, c’est qu’à son époque la psychiatrie n’existe pas en tant que telle et que la médecine ne peut ni « expliquer » ni « prévoir » la « transgression non naturelle de la loi du devoir » – dont Kant rappelle au passage qu’elle est « inscrite en tout homme », donc aussi dans le fou – que peut commettre un homme. Il ne prend toutefois pas la peine de légitimer la compétence de « la faculté de philosophie » en ce domaine. La responsabilité n’est pas évoquée ici, mais on peut supposer qu’elle dépend de la « capacité naturelle d’entendement et de jugement », dont Kant admet qu’on puisse ne pas la posséder, sans que la possibilité d’une possession ou d’une perte partielles soit évoquée. On ne saurait donc conclure sur la position kantienne, même si tout laisse penser qu’elle est celle du “tout ou rien”, comme celle de l’ancien article 64 du Code pénal évoqué plus haut.

Hegel affirme quant à lui que « (…) le véritable traitement psychique se tient fermement au point de vue selon lequel la folie n’est pas une perte abstraite de la raison, ni sous l’aspect de l’intelligence, ni sous celui du vouloir et de sa responsabilité, mais un simple dérangement, une simple contradiction à l’intérieur de la raison, laquelle se trouve encore présente de même que la maladie physique n’est pas une perte abstraite, c’est-à-dire totale, de la santé (pareille perte serait la mort), mais une contradiction dans cette santé. Ce traitement humain, c’est-à-dire aussi bienveillant que raisonnable (…) présuppose que le malade est un être raisonnable (…) ». Ce passage nécessiterait un long commentaire. Retenons que Hegel, sans dire explicitement que le fou possède la raison, affirme qu’on ne peut soigner le fou que si l’on suppose qu’il n’a pas entièrement perdu la raison, ce qui veut dire qu’il demeure un être raisonnable donc responsable. Aucune analyse médicale ou psychologique n’est donc nécessaire, et le fou demeure normalement punissable.

Dans le domaine de la philosophie du droit, trois grandes théories se sont succédées pour répondre, entre autres, à la question des rapports entre la responsabilité et la santé mentale.

1° La théorie classique postulait le libre arbitre en tout homme et donc la responsabilité pour tous, y compris ceux qu’on appelait alors les « déments », logés à la même enseigne que les autres. La notion de responsabilité existait donc bien, mais ne posait aucun problème théorique ni pratique, puisque tout le monde était supposé pleinement responsable. Cette théorie, qu’on peut rapprocher de celle de Hegel, avait le mérite de la simplicité, mais l’inconvénient d’une relative iniquité : certains malades mentaux ne disposent manifestement pas du contrôle de leurs actes, contrôle que présuppose la responsabilité. On peut en partie comprendre que certains aient soutenu cette position en soulignant son inspiration religieuse : la démence a longtemps été considérée par les théologies soit comme la punition divine de quelque faute grave soit, plus souvent, comme une possession démoniaque. Dans les deux cas, on estimait qu’il n’y avait pas lieu d’être spécialement miséricordieux avec le dément.

2° La théorie positiviste, née au XIXème siècle en Italie avec Lombroso, reposait au contraire sur un strict déterminisme excluant le libre choix. Chaque action de chaque individu résultant d’un processus causal complexe – antécédents héréditaires et personnels, influences du milieu, etc. –, le rôle de la justice institutionnelle consistait dans la protection mais plus dans la punition. La notion de responsabilité, considérée comme subjective, disparaissait ; seule demeurait celle de dangerosité, jugée objective. Ici non plus, le problème de la responsabilité ne se pose pas, mais pour des raisons opposées à celles de la théorie classique : personne n’est, à proprement parler, responsable de ses actes.
Remarquons que le déterminisme ne supprime pas la notion de justice : c’est le libre arbitre en tant que puissance de choix qui est nié. La justice ne consiste plus alors à juger les infractions comme mauvaises et à les punir – elles ne pouvaient pas, en toute rigueur, être évitées – mais, dans la mesure du possible, à les réparer et à éviter qu’elles se répètent, sans causer de tort inutile. Ainsi chez Spinoza, il n’y a pas de rétribution dans le jugement de justice, mais seulement la mise en œuvre d’une nécessaire mise hors d’état de nuire du criminel.

3° La théorie néoclassique, adoptée actuellement en France et dans la plupart des pays occidentaux, peut être qualifiée de “mixte” : le jugement d’un délit vise le châtiment de la faute et / ou la sécurité de la société. Cette théorie suppose que le libre arbitre et donc la responsabilité existent, mais inégalement selon les hommes. Ainsi il y a bien, selon cette théorie, différents degrés de raison, de liberté et de responsabilité.

La difficulté pratique principale de la théorie néoclassique, qui semble à beaucoup un “juste milieu” entre les deux précédentes, consiste alors dans l’évaluation du degré d’aliénation du prévenu. C’est là qu’interviennent les experts psychiatres. Or la psychiatrie ne dispose pas actuellement de méthodes permettant des diagnostics sans aucun risque d’erreur. Un psychotique peut ainsi être, à tort, jugé sain d’esprit, donc pleinement responsable, donc punissable sans circonstance atténuante. Par ailleurs, l’article 246 du Nouveau Code de procédure pénale précise que « le juge n’est pas lié par les constatations ou les conclusions de l’expert ».
Une autre difficulté, théorique celle-là, et plus intéressante d’un point de vue philosophique, est celle de la pluralité des “écoles” en psychiatrie juridique. Certaines, comme l’école lyonnaise, considèrent que, notamment dans les affaires criminelles, la “prise de conscience” par le malade mental de la gravité de son acte est un facteur primordial, voire indispensable de son traitement thérapeutique, ou même la condition nécessaire d’un espoir de guérison. Or l’acquittement du prévenu au motif de son irresponsabilité aurait, toujours selon cette école, des conséquences désastreuses sur ce point.

L’exemple de Louis Althusser illustre parfaitement cette position : dans L’avenir dure longtemps, il distingue « la “folie” des états aigus mais passagers, de la “maladie mentale”, qui est un destin », c’est-à-dire durable voire définitive. Le troisième cas est celui du coupable reconnu sain d’esprit. Dans le second cas, le malade mental est, par définition pourrait-on dire, incapable de répondre de ses actes. Quant au coupable sain d’esprit, il répond de ses actes devant le tribunal, purge “normalement” sa peine et sort de prison en ayant, selon l’expression consacrée, “payé sa dette à la société”. Althusser expose la difficulté de la première situation, qui fut la sienne. Car le “fou” victime d’une crise momentanée n’a pas à répondre de ses actes, contrairement au sain d’esprit – alors qu’il en aurait lui aussi la capacité –, et ne purge donc aucune peine, puisqu’il est « irresponsable ». Il sort de l’hôpital psychiatrique assez vite, puisque sa crise n’a été que passagère, en tout cas bien plus vite qu’il serait sorti de prison s’il avait été reconnu « responsable », pour le même crime. Il se retrouve donc “libre” sans avoir été condamné pour son crime, ni surtout en avoir répondu publiquement – Althusser insiste sur l’importance de ce dernier point. C’est cette situation “intermédiaire” et on ne peut plus inconfortable qui l’a poussé à écrire son livre, qui n’est assurément pas celui d’un déséquilibré mental.

Mais il faut ici se garder de deux erreurs, deux généralisations abusives. – La première consisterait à considérer le coupable malade mental, même s’il ne le fut qu’au moment de l’acte, comme un coupable sain d’esprit ; l’aider à prendre conscience de la gravité de son acte ne dispense pas de tenir compte de sa maladie. L’existence de services psychiatriques en milieu pénitentiaire ou d’établissements associant incarcération et traitement psychiatrique répond à cette exigence de spécificité. – La deuxième erreur serait de considérer tous les malades mentaux de la même manière. On peut supposer que c’est spécialement dans les maladies mentales les moins prononcées que la prise en compte par le malade du caractère répréhensible de son acte pourra, d’une part être possible, d’autre part avoir des effets thérapeutiques. La question se pose alors de savoir que faire des criminels dont les maladies mentales sont les plus graves, lorsqu’ils sont manifestement très dangereux. La loi les qualifiant d’irresponsables, ils ne peuvent théoriquement pas être placés en détention. Or l’expérience prouve que les psychiatres ne peuvent ni ne veulent garder très longtemps ces individus internés. Ils sont donc relâchés, au plus tard au bout de quelques années alors que, sains d’esprits, ils seraient restés jusqu’à trente ans en prison. Devant cette situation paradoxale, certains juges n’hésitent pas à condamner des malades mentaux, du fait de leur seule dangerosité, à de longues peines d’emprisonnement. Autrement dit, ils protègent la société en refusant d’appliquer la loi. Cette situation paradoxale alimente constamment les débats théoriques sur cette question, tant du point de vue juridique que du point de vue psychiatrique, les deux “camps” s’opposant souvent.

C’est en vain qu’on se “rattacherait” à l’idée que, au moins dans le cas d’un coupable sain d’esprit, la responsabilité ne fait aucun doute, donc ne pose aucun problème. Certains “crimes passionnels” montrent qu’un individu parfaitement sain d’esprit peut, dans des circonstances exceptionnelles, qui peuvent d’ailleurs n’être pas entièrement liées au motif du crime, commettre un acte d’une extrême gravité. La justice est généralement très clémente dans ce genre de meurtre, qui ne sont que rarement ceux d’individus dangereux en eux-mêmes. Mais qu’en est-il dans ce cas de la responsabilité ? Placé dans une situation extrême sur le plan passionnel, l’individu qui n’a pas la force d’esprit de résister à sa pulsion de meurtre peut-il sérieusement être considéré comme responsable de ce meurtre, souvent immédiatement regretté ? Il semble bien que l’on ait alors affaire, comme disait Horace, à un excès de colère qui est « une courte folie ». On est au moins forcé d’admettre qu’il y a dans ce cas sensiblement moins de responsabilité que dans le cas d’un assassinat, c’est-à-dire d’un meurtre avec préméditation, qui suppose que le coupable dispose, contrairement à l’auteur d’un crime passionnel, d’un temps de réflexion et de lucidité avant de commettre son meurtre, ce qui aggrave son acte – à supposer bien sûr qu’il soit sain d’esprit.

Au terme de ces analyses, nous devons quitter la logique binaire qui prétendait qu’on était responsable ou pas, mais entièrement responsable, ou parfaitement irresponsable : il faut adopter une responsabilité graduée. Deux objections : premièrement, la notion de responsabilité perd un peu de sa consistance et de sa précision ; deuxièmement, il est impossible d’établir sans risque d’erreur le degré de responsabilité du coupable. Mais ces objections peuvent être philosophiquement fécondes : peut-être faut-il concéder que certaines notions philosophiques – toutes ? – ne sont pas, lorsqu’on les confronte à des réalités “gênantes”, aussi claires et distinctes qu’on le suppose ou qu’on feint de le supposer. Ne faut-il pas dès lors imiter Spinoza lorsqu’il écrit prudemment : « (…) j’ignore ce qu’il faut penser (…) des fous. » ?




3) LA CAUSE / L’auteur

La responsabilité limite-t-elle la liberté ? Causalité et responsabilité : “pourquoi on fait des bêtises ?”

Causes de l’irresponsabilité : Conception aristotélicienne & thomiste de la responsabilité La conception de la responsabilité : généalogie de la morale La faute dans le rationalisme de la pensée cartésienne Critique d’une philosophie de la responsabilité : le déterminisme Spinoza : exclut le libre arbitre Leibniz : ramène tout à une cause antérieure Laplace, C Bernard : déterminisme absolu

On distingue la responsabilité morale (je réponds de mes actes « en mon for intérieur », c'est-à-dire devant le tribunal intime de ma conscience morale) et la responsabilité sociale devant les tribunaux (responsabilité pénale ou civile). La responsabilité morale suppose deux conditions : 1° la connaissance du bien et du mal; 2° la liberté. La responsabilité pénale est liée à la responsabilité morale (on cherche à punir l'intention délictueuse). La responsabilité civile met l'accent moins sur la faute que sur le dommage, et le responsable est celui qui peut payer réparation (d'où le système des compagnies d'assurance). Des « personnes morales », une société anonyme, l'État lui-même, peuvent être civilement responsables.

"Pourquoi on fait des bêtises?"
J’ai eu maintes occasions de poser cette question toute bête à des adolescents (SEGPA, classes relais, MIJEN, PJJ, etc) : on sait ce qu'il ne faut pas faire, on sait que c'est mal, on sait qu'on sera puni, on sait. Alors pourquoi on fait quand même des bêtises ? Vous trouverez un topo sur ce thème en cliquant ici.







PHILOSOPHIE DE LA RESPONSABILITE
L’émergence du concept de responsabilité semble remonter aux sources des premières expériences juridiques. Ces dernières s'établissent dès l’Antiquité par le biais de structures et d’institutions dont les préoccupations initiales reposent sur l’ordre et la cohésion des cités. Les civilisations grecque et romaine se constituent alors peu à peu un système de droit dans lequel les individus sont établis en tant que citoyens libres et égaux.

1.1. Conception Aristotélicienne de la responsabilité

Dans son éthique nicomaquéenne, Aristote expose une conception de la justice fondée notamment sur la référence à l’égalité. Selon le philosophe grec, l’égalité des citoyens repose sur un équilibre stricte à respecter dans les échanges inter-citoyens. Lorsqu’il est rompu, cet équilibre conduit alors inexorablement à l’injustice. Aristote définit l’injustice comme le fait de l’inégalité se manifestant entre le fait délictuel ou illicite (excès à l’avantage du délinquant qui s’attribue plus que de droit) et le préjudice qu’il occasionne (la perte subie par la victime). Selon lui, ce déséquilibre provoqué par l’injustice nécessite précisément l’intervention du droit. Ce dernier doit effectivement s’établir en tant qu’arbitre dans la confrontation entre les deux parties opposées, afin de résoudre le problème et permettre un retour à l’équilibre.

Aristote considère le déséquilibre provoqué par l’acte délictueux comme étant le pré-requis au recours au principe de responsabilité, et en l’occurrence à la responsabilité pénale (Trigeaud, 1999). La responsabilité de l’auteur de l’injustice est de ce fait conçue dans la conception aristotélicienne comme le devoir d’assumer les effets d’une compensation, d’une réparation sous la forme d’une peine ou d’une sanction, ou encore comme l’acte de réhabilitation à l’égard de l’égalité perdue.

Dans cette perspective, la loi et ses mesures égalitaires sont comparées par Aristote à une sorte de monnaie. A l’instar de cette monnaie, le droit propose une réponse compensatoire à l’injustice en recourant au principe d’égalité.
Toutefois, la désignation juridique de la responsabilité d’un individu, laquelle implique l’obligation d’avoir à répondre de ses actes, nécessite également, pour Aristote, le concours de la notion de libre arbitre. Être responsable suppose, en effet, la liberté de l’individu. Aussi, l’attribution de toute responsabilité suggère que ce dernier, auteur du crime ou du délit, a agit de son libre arbitre ; en d’autres termes, qu’il était considéré, au moment des faits, libre du choix de ses actes et non soumis à priori à aucune autorité indépendante de sa volonté. A ce propos, Aristote introduit les termes akôn et ekôn pour désigner respectivement l’absence de consentement et la présence de consentement. Il associe également à ces termes la distinction entre le volontaire et l’involontaire. D’une part, le volontaire conjugué au libre arbitre aboutira incontestablement à la constitution juridique de la faute et ainsi aux mécanismes juridiques de la responsabilité. L’individu demeure dans cette première perspective conscient du fait de ses actes et agit en connaissance de cause.

D’autre part, l’involontaire implique, selon Aristote, l’effet de la contrainte ou de la nécessité, lequel, lorsqu’il est mis en évidence, dégage l’individu de sa responsabilité et ainsi de son obligation à répondre de son comportement, l’individu ayant alors agi contre son consentement, et, donc, malgré lui. Dans cette seconde perspective, l’absence de volonté ne peut engendrer la responsabilité juridique de l’individu auteur du crime dans la mesure où elle n’établit pas sa culpabilité 2 . L’absence de culpabilité relève dès lors, selon Aristote, d’une cause située hors de l’individu. Elle provient d’un événement ou d’un élément externe que la volonté libre de l’individu ne peut maîtriser. La volonté se trouvant soumise et diminuée perd alors toute la liberté de son choix. Le comportement illicite s’avère par conséquent pardonnable et excusable.

Cette seconde distinction suggère ainsi que toute « exonération » de responsabilité n’est possible que lorsque le comportement illicite est provoqué par un élément extérieur au sujet et indépendant de sa volonté. Mais Aristote élude-t-il certains aspects importants concernant la nature propre de l’être humain, à savoir, l’effet des passions ou de toute source d’aliénation interne susceptible de soumettre, diminuer ou abolir la volonté libre de l’individu ?

Aristote résout ce problème en minimisant l’effet des passions. Selon lui, ces dernières, bien que pouvant modifier le degré de liberté propre à la volonté de l’être humain, ne peuvent en aucun cas changer la nature de cette liberté. Aristote évoque alors un simple dérèglement de la volonté libre sous l’effet des passions, mais en aucun cas une abolition de celle-ci. L’individu reste, par conséquent, et bien qu’en prise aux passions, conscient de ses actes. Le principe de responsabilité doit par conséquent s’exercer sans contrainte. Selon Aristote, le mécanisme de responsabilité peut également prendre effet dans l’irresponsabilité. Ainsi, si un individu en état d’ébriété provoque un accident ou commet un meurtre, Aristote suggère que, bien qu’étant irresponsable au moment des faits, celui-ci reste néanmoins responsable au moment où il prend la décision de boire.

A partir de l’examen de l’état interne de l’individu, Aristote est amené a effectuer une dernière grande distinction. Celle-ci s’applique en l’occurrence à la différentiation entre détermination juridique et détermination morale de la responsabilité. La détermination juridique de la responsabilité s’appuie essentiellement sur les comportements répréhensibles et apparents du sujet sans se prononcer sur la personnalité de celui-ci. Elle se fonde uniquement sur l’extériorité de l’acte, autrement dit, le délit manifeste. La détermination morale de la responsabilité, quant à elle, marque l’intérêt d’un retour à l’identité propre du sujet qui a commis l’acte illicite, à savoir, son être et sa personnalité. Elle requiert, selon Aristote, l’intention de l’individu et implique la préméditation de l’acte. Elle suppose un choix délibéré et la connaissance anticipée des conséquences occasionnées par le comportement illicite. Aristote rapporte que l’acte dommageable suscité par les passions ou la colère n’implique pas la responsabilité morale de l’individu. Cet acte passionnel survient, en effet, sous l’impulsion. Il n’implique aucune anticipation ni préméditation. Il engage de ce fait la seule responsabilité juridique de l’individu.

En somme, la conception Aristotélicienne de la responsabilité se centre principalement sur les notions de volonté et de libre arbitre. Elle minimise l’effet des passions et suggère toute approche déterministe du comportement humain comme irrecevable. Les causes sont ainsi écartées au détriment d’un libre arbitre prédominant. Cette conception, encore maintenue aujourd’hui, a largement influencée les siècles qui lui ont succédés. L’un des relais majeur de la perspective aristotélicienne se retrouve en l’occurrence dans les positions des philosophes du haut Moyen âge.

1.2. Conception Thomiste de la responsabilité Au cours du XIIIe siècle, le renouveau de la pensée antique, suscité par les émulsions du raisonnement profane, voit la réhabilitation des écrits d’Aristote. Antérieurement interdite, la pensée aristotélicienne réapparaît ainsi dans l’œuvre du dominicain Thomas d’Aquin. Bien que s’inscrivant directement dans le prolongement de l’enseignement aristotélicien, la conception Thomiste doit néanmoins se conformer aux exigences imposées par les textes sacrés de l’église chrétienne 3 (Parot et Richelle, 1992). Dans ce contexte, Thomas d’Aquin approfondit et réoriente certaines conceptions antiques de la justice et de la responsabilité. Le premier éclaircissement qu’il apporte concerne la division entre responsabilité juridique et responsabilité morale. Le Thomisme conserve cette distinction mais la réadapte à ses propres termes. La loi naturelle renvoie désormais à la responsabilité morale d’Aristote et le droit naturel à la responsabilité juridique.

Revisitée dans le sens chrétien du Thomisme, la loi naturelle acquiert une origine divine. La morale est en effet rattachée à la personne et, à travers elle, à la loi divine. L’être humain, éclairci par la raison et l’entendement, dispose ainsi dans sa nature de la capacité à discerner le bien du mal. Selon saint Thomas, cette morale constitue le mouvement 4 de la créature raisonnable vers Dieu et a pour but le salut de l’être humain.

Dans cette perspective, la démarche Thomiste procède à une individualisation ou personnalisation de la morale qui se détache fondamentalement de la morale à tendance sociale 5 aristotélicienne (Trigeaud, 1999). Cette démarche a pour effet un rapprochement entre la responsabilité juridique (droit naturel) et la responsabilité morale (loi naturelle). Cet aspect témoigne, avec importance, de l’imprégnation de l’idéologie chrétienne qui s’exprime en effet par sa détermination à joindre le droit à la moralité. Il ne suffit plus dès lors de considérer la responsabilité juridique comme circonscrite au simple fait délictuel. Il s’agit dorénavant de la relier à la culpabilité morale de l’individu.

Mais la facette la plus innovante de la perspective Thomiste concerne un tout autre aspect que ceux présentés préalablement. Il s’agit, en l’occurrence, de sa volonté visant à relativiser les rôles respectifs de la liberté et de la culpabilité. Thomas d’Aquin préconise ainsi une démarche d’investigation causaliste (Laingui, 1970) qui tend effectivement à évaluer l’influence de divers facteurs sur la volonté libre de l’individu. L’investigation ne se limite plus cependant aux seules causalités que propose la démarche aristotélicienne. Elle suggère désormais l’alternative de causes internes mais également sociales. Dans la perspective d’une causalité interne, Thomas d’Aquin invoque l’habitude, l’aliénation, les passions, la colère et l’hérédité comme causes potentielles de l’acte fautif. Conformément aux exigences chrétiennes, cet élargissement conceptuel se détache de toute essence divine. Ainsi, bien que Dieu soit à l’origine de la nature humaine, il ne saurait être la source de l’injustice et du mal. Le mal renvoie par conséquent au seul fait de l’être humain et de sa nature dégradée. L’existence de facteurs internes engendrant le mal « compose », selon le christianisme, l’élément constitutif d’une sorte de diabolisme interne. Cette causalité diabolique qui ne découle nullement du Créateur doit trouver sa source du fait du père de tous les hommes, c’est-à-dire, de la faute originelle Caïnique commise à l’égard de Dieu lui-même. En ce qui concerne la présence de facteurs sociaux, Thomas d’Aquin souligne le rôle déterminant de la société à travers les aperçus qu’elle laisse transparaître. Selon lui, la société maintien l’être humain dans l’ignorance et l’encourage au mal. La doctrine Thomiste, inscrite dans la tradition chrétienne, développe une conception de l’acte mauvais 6 dans laquelle la liberté et la culpabilité jouent un rôle restreint. La volonté libre, don de Dieu à sa créature, ne peut en aucun cas constituer la source du mal. L’absence même de liberté dans le mal exclut par conséquent toute faute et toute responsabilité. Plusieurs siècles plus tard la pensée cartésienne, à travers Descartes, réhabilitera la responsabilité de l’être humain sous le regard de la raison divine.
1.3. La faute dans le rationalisme de la pensée de Descartes

Le rationalisme cartésien repose sur une conception fondamentalement dépendante de la notion de raison. Cette dernière constitue, selon Descartes, le propre de l’être humain et permet de le distinguer de l’animal. Dans ses méditations métaphysiques, le philosophe attribue à cette faculté une origine divine. Étant l’œuvre de Dieu tout puissant, la raison se voit, selon Descartes, dépourvue de toute vulnérabilité. Elle permet par conséquent à tout être humain l’accès à la vérité, c’est-à-dire, aux idées claires et distinctes. Mais alors, quelle place la pensée cartésienne accorde t-elle à la faute ?

Dans la quatrième méditation métaphysique, Descartes examine ce problème à travers une théorie explicative de l’erreur. Par le biais de cette démarche explicative, la théorie cartésienne s’efforce d’établir les sources de l’erreur. En premier lieu, Descartes insiste, au même titre que le Thomisme, sur le fait que l’erreur ne peut être à l’origine de Dieu. A nouveau, l’erreur se voit attribuée au seul fait de l’être humain.

Selon Descartes, l’erreur dénonce tout ce qui, en l’être humain, se détourne des voies de la raison. Il suggère, en l’occurrence, que toute erreur survenue témoigne du mauvais usage que l’être humain fait de son entendement. Ce mauvais usage de la raison se rapporte, selon Descartes, à l’intervention de la volonté et de la liberté. En effet, selon lui, l’être humain dispose d’une volonté absolument libre qui lui permet la possibilité de faire ou de ne pas faire une chose. La volonté libre peut alors conduire l’être humain à refuser les représentions fournies par la raison et, en contrepartie, à accepter des représentations imaginaires. Ces représentations étrangères à la raison dirigent la conscience de l’être humain vers des contenus ne possédant ni clarté, ni distinction. En somme, pour Descartes, l’erreur s’exprime par une subordination de la volonté à une représentation secondaire préférentiellement à la représentation première présentée par la raison. L’erreur consiste alors à octroyer à cette seconde représentation les qualités qui reviennent naturellement à la première représentation. Descartes conçoit ce processus d’inclination de la volonté comme le résultat de l’influence néfaste d’un monde matériel privé de lumière. Ce monde, composé d’apparences sociales, de l’onirisme et de toute autre sorte de puissances irrationnelles, engage l’être humain sur le chemin du vraisemblable et non dans les certitudes de la raison. Néanmoins, il rappelle que l’être humain reste initialement éclairé par les lumières de la raison. Les idées claires et distinctes tracent ainsi la voie vers des actions raisonnables et conformes à la loi. De surcroît, Descartes postule que l’être humain jouit de la liberté de se représenter la loi. Dès lors, si l’être humain, de par sa volonté et son libre arbitre, entreprend de s’aventurer dans l’obscurité au lieu de se limiter aux normes prescrites par la raison, alors celui-ci devra en assumer toutes les conséquences.

Pour Descartes, la faute de l’être humain, déterminée par l’erreur, ne peut se soustraire au principe de responsabilité. En effet, la raison rappelle à l’être humain ses devoirs et ses obligations en lui permettant de juger à bien ou à mal l’ensemble des actions qu’il est susceptible d’entreprendre. Il doit, par conséquent, se soumettre aux sanctions et aux peines que la loi lui impose afin de compenser le préjudice qu’il a entraîné.

Dans la conception cartésienne, la raison et la volonté libre occupent une place essentielle. Pour Descartes, elles permettent à l’être humain de s’engager dans l’action pour introduire et promouvoir dans la société les idées claires et distinctes. Cette conception rationnelle du droit et de la responsabilité que Descartes revendique se rattache fortement aux caractéristiques propres à la nature humaine. Cette conception ne sera pas étrangère au droit contemporain. La raison constituera, en l’occurrence, un argument majeur dans la légitimation du droit moderne, en lui permettant de s’établir en tant que droit de raison. La responsabilité s’établira, quant à elle, sur la base du libre arbitre. Cette conception très influente du libre arbitre ne fait cependant pas l’unanimité. Ainsi, Spinoza récusera la conception du libre arbitre et critiquera la « volonté » de Descartes à exclure l’être humain des lois de la nature.


CRITIQUE D’UNE PHILOSOPHIE DE LA RESPONSABILITE : LE DETERMINISME
2.1. Spinoza : ouverture sur une conception déterministe du monde Dans l’Éthique, Spinoza développe une conception s’éloignant par certains aspects de la pensée de Descartes. La perspective spinoziste s’insère ainsi dans une vision moniste et déterministe du monde, dans laquelle la nature joue un rôle central et déterminant. En effet, Spinoza voit dans la nature l’image de Dieu et la substance de toute chose dans l’univers 7 . Selon lui, il n’existe qu’une seule substance absolument infinie contenant une infinité d’entités. Ces entités s’expriment selon certaines règles, conditionnées par la nature, et ne peuvent en aucun cas s’y soustraire.

Sur ce premier point, Spinoza se détache de la conception défendue par Descartes, selon laquelle la raison et la volonté humaine échapperaient aux lois qui régissent la nature. Car Descartes, s’il ne nie pas l’existence du déterminisme, réfute néanmoins que cette conception puisse s’appliquer aux conduites humaines. Cela réduirait, selon lui, l’être humain à une machine ou à un objet résultant d’une série infinie de causes.

A contrario, dans le système spinoziste, l’être humain doit se réinsérer dans l’ordre des choses, dans la nature, sans bénéficier d’un quelconque statut privilégié. Dans l’Éthique, Spinoza rappelle la nécessité de soumettre les conduites humaines « aux lois communes de la nature » :

« Ceux qui ont écrit sur les affections et la conduite de la vie humaine semblent, pour la plupart, traiter non de choses naturelles qui suivent les lois communes de la nature, mais de choses qui sont hors de la nature. En vérité, on dirait qu’ils conçoivent l’homme dans la nature comme un empire dans un empire. Ils croient, en effet, que l’homme trouble l’ordre de la nature plutôt qu’il ne le suit, qu’il a sur ses propres actions un pouvoir absolu et ne tire que de lui-même sa détermination. Ils cherchent donc la cause de l’impuissance et de l’inconstance humaines, non dans la puissance commune de la nature, mais dans je ne sais quel vice de la nature humaine ». Dans ces propos, Spinoza soutient une conception déterministe des actions humaines excluant le recours au concept de libre arbitre. Il affirme, en l’occurrence, que la pensée et la matière appartiennent à une seule et même substance soumise à la règle de cause à effet. A cet égard, il suggère qu’il n’y a dans l’âme aucune volonté absolue ou libre, comme le postule Descartes. Il ajoute que l’âme est déterminée par des causes bien précises, elles mêmes déterminées par d’autres causes et cela à l’infini. Spinoza défend ainsi une conception moniste et déterministe de la nature en y introduisant l’être humain et ses conduites, et excluant l’existence du libre arbitre.

Cette exclusion totale du libre arbitre amène Spinoza à rejeter le principe de responsabilité des individus. A ce sujet, il considère que l’inexistence du libre arbitre induit que tous les délinquants sont excusables et pardonnables et que s’il faut les punir par nécessité, il ne faut toutefois pas leur tenir plus rigueur qu’on ne le ferait pour un chien enragé.

Dans l’Éthique, Spinoza expose un certain mépris de la morale fondée sur la pitié et le repentir. Le véritable salut doit reposer, selon le philosophe, sur la connaissance rationnelle. Elle seule permet en effet d’éclairer l’être humain sur les « enchaînements de causes » des phénomènes du monde. C’est, en l’occurrence, sur la base d’une telle connaissance que l’être humain accède à une certaine liberté.

Cette liberté, conçue sur la connaissance adéquate des causes qui déterminent les conduites de l’être humain, s’oppose fondamentalement à un libre arbitre définissant l’absence de nécessité. Spinoza articule son argumentation en postulant que le libre arbitre n’est qu’une illusion qui découle de l’ignorance. Ainsi, l’ignorance des causes de nos comportements nous conduit à la croyance que nous sommes libres des conduites que nous adoptons.

La conception spinoziste se prévaut, en somme, de réintroduire l’être humain et ses conduites dans un ensemble de règles universelles dictées par la nature. Elle contribue à cet égard à défendre la thèse d’un déterminisme absolu.

2.2. Le déterminisme absolu Au cours du XVIIIe siècle, l’être humain est toujours décrit par la doctrine catholique comme étant doué d’une liberté de droit divin. Cette liberté est présentée comme absolue et statique. Les partisans de cette conception excluent les conduites humaines du cadre des lois constantes de la nature, et revendiquent un déterminisme relatif. Cette position suscite néanmoins de vives objections. La question du déterminisme universel et absolue réapparaît comme une possibilité alternative permettant l’explicitation de l’ensemble des événements présents dans la nature, y compris les conduites humaines. La conception spinoziste du siècle précédent prend alors place dans un large mouvement contestataire visant à réintroduire la conduite humaine dans l’ordre de la nature. La doctrine développée par Leibniz évoque la question du déterminisme dans une perspective qui tend à accentuer la vision spinoziste de la nature. Suivant sa doctrine, Leibniz propose le principe de la raison suffisante. Selon ce principe, rien ne peut exister dans le monde sans une raison suffisante d’exister. En d’autres termes, Leibniz suggère que tous les phénomènes présents dans la nature doivent être expliqués et ramenés à une cause antérieure. Ainsi, un quelconque état du monde à un instant donné t dépend des états qui lui sont antérieurs t-1 et détermine ceux à venir t+1 :

« C’est une des règles de mon système de l’harmonie générale, que le présent est gros de l’avenir, et que celui qui voit tout, voit dans ce qui est et ce qui sera 8 . Dieu voit dans chaque partie de l’univers, l’univers tout entier, à cause de la parfaite connexion des choses. Il ne faut donc point douter que les effets ne s’ensuivent de leurs causes d’une manière déterminée, nonobstant la contingence, et même la liberté, qui ne laissent pas de subsister avec la certitude ou détermination ». Non sans provoquer une effervescence dans le monde religieux, la description de la nature selon le modèle déterministe est également rapporté dans les thèses du baron d’Holbach. Ce dernier s'inscrit dans la mouvance matérialiste des encyclopédistes du XVIIIe siècle postulant que l’être humain est un organisme matériel dans son entièreté. Dans sa perspective, la nature revêt également une place primordiale dans laquelle l’être humain ne représente qu’un simple chaînon. D’Holbach souligne que la nature est ordonnée selon des lois constantes et immuables ; par conséquent, l’être humain doit se soumettre à ses règles. D’Holbach admet, au même titre que Leibniz, que les phénomènes surviennent à la suite de causes déterminées par une chaîne de causes ininterrompues : « L’univers, ce vaste assemblage de tout ce qui existe, ne nous offre partout que de la matière et du mouvement : son ensemble ne nous montre qu’une chaîne immense et non interrompue de causes et d’effets. Ainsi la nature, dans sa signification la plus étendue, est le grand tout qui résulte de l’assemblage des différentes matières, de leurs combinaisons, et des différents mouvements que nous voyons dans l’univers ».
Également influencé par le matérialisme du XVIIIe siècle, le déterminisme de Laplace s’appuie fortement sur les principes énoncés par Leibniz et d’Holbach. Laplace, physicien et astronome du XVIIIe siècle, postule une conception dans laquelle le déterminisme provient de la connaissance des données observées à un moment précis d’un système et permettant de prévoir rigoureusement la survenue d’un événement à un moment ultérieur du système. La validité de cette acceptation réside pour le physicien dans la vérifiabilité. Ainsi, Laplace suggère que la connaissance des données du système (plus exactement, la vitesse et la position de chaque éléments constitutifs de l’univers) permettent de calculer l’évolution de ce système à n’importe quel point du temps, aussi bien dans le présent que dans le passé. Cette conception exclue tout imprévu résultant de données aléatoires. Conscient que ce type de calcul est impossible pour l’être humain, le physicien imagine la fiction d’une intelligence sur-humaine 9 , capable d’opérer de tels calculs : « Nous devons donc envisager l’état présent de l’univers comme l’effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome : rien ne saurait être incertain pour elle, et l’avenir comme le passé serait présent à ses yeux ».



Toutefois, Laplace reste conscient que l’être humain ne peut et ne pourra jamais disposer d’une capacité suffisante lui permettant d’opérer de tels calculs. Aussi, pour cette raison, il suggère le recours aux théories probabilistes. Mais bien qu’il consacre sa vie à ce domaine, Laplace reste malgré tout convaincu que le hasard n’a aucune réalité. Et si l’utilisation des probabilités est nécessaire, elle ne fait, selon lui, que témoigner des limites de l’être humain dans l’identification des causes déterminantes.

Suivant la perspective Laplacienne, Claude Bernard suggère également l’existence d’un déterminisme absolu dans les conditions d’existence des phénomènes naturels, qu’il s’agisse des êtres vivants ou des corps bruts. Selon l’auteur, le déterminisme est fondamental à l’existence de la science. Il permet, en l’occurrence, d’établir les conditions nécessaires à l’apparition d’un phénomène et ainsi les conditions de sa reproduction. Admettre la négation de cette proposition reviendrait, selon Claude Bernard, à la négation de la science.

La perspective d’un déterminisme absolu des phénomènes du monde subit de nombreuses attaques au cours du XXe siècle. Les observations de la mécanique quantique semblent, en effet, suggérer l’indéterminisme quant à la prévisibilité de certains événements.

2.3. L’indéterminisme ou déterminisme relatif Le déterminisme relatif implique que tous les événements du monde ne se ramènent pas aux lois constantes de la nature. En effet, certains événements résultent de l’aléatoire, du désordre indéterminé. Les observations recueillies en mécanique quantique par Heisenberg en 1925 attestent de la possibilité d’événements élémentaires dus au hasard. Ainsi, d’après la mécanique quantique, il existe des événements physiques élémentaires impossibles à définir en termes de relation causale mais appréhensibles uniquement à partir des lois statistiques. L’absence de prévisibilité absolue de l’événement désigne le principe d’incertitude 10 d’Heisenberg. Ce principe montre, par formulation mathématique, que l'on ne peut déterminer avec précision à la fois la position et la vitesse d'une particule. Les observations relatives à la mécanique quantique suggèrent ainsi que certains systèmes dans l’univers ne répondent pas aux lois individuelles sur les constituants élémentaires mais reposent sur les lois statistiques.

Certaines critiques ont néanmoins été adressées à l’encontre de l’hypothèse de l’indéterminisme en mécanique quantique. Ainsi, comme le suggèrent de nombreux chercheurs, l’indétermination à prévoir en même temps la vitesse et la position d’une particule n’implique pas que le système ne soit pas déterminé. Il peut, en effet, résulter de l’incapacité de l’être humain à mettre en évidence tous les facteurs impliqués dans l’apparition du phénomène. Comme le souligne vigoureusement Einstein, le modèle de la physique quantique est probablement incomplet, faute de connaître certaines variables encore inconnues. La découverte de ces variables cachées permettraient, selon le célèbre physicien, d’éliminer le principe d’incertitude fondé sur les probabilités. De même, il est important de spécifier que toute théorie scientifique est soumise au principe de réfutabilité. En d’autres termes, toute théorie peut être infirmée sur la base de nouveaux faits. Il est alors possible d’imaginer que les faits aujourd’hui dissidents pourront être ultérieurement intégrés dans une perspective déterministe. Beaucoup de chercheurs s’accordent ainsi pour dire que l’indéterminisme en microbiologie résulte de la difficulté à circonscrire la multiplicité des facteurs en cause. L’aléatoire ne serait dès lors que l’expression de la limitation des moyens et techniques scientifiques et non la preuve absolue de l’incertitude ou de l’indétermination des phénomènes.

Enfin, il est important de souligner que l’indéterminisme rencontré en physique quantique ne peut constituer un argument pertinent aux partisans de la liberté humaine. Car, si ces derniers évoquent le recours à l’indéterminisme pour extraire à nouveau l’être humain et ses comportements aux règles qui régissent la nature, il n’en reste pas moins que l’incertitude ne fait aucune place au libre arbitre. En effet, l’indéterminisme suggère une manière d’agir imprévisible et aléatoire et non pas une manière d’agir libre et rationnelle. A terme, le constat tend à démontrer l’anthropocentrisme « démesuré » de l’être humain selon une double perspective : d’une part, celle instaurant avec quasi certitude que l’être humain serait au dessus des lois de la nature, et, d’autre part, l’acceptation qu’il dispose de suffisamment de preuves pour exclure le déterminisme absolu au mépris de nombreuses expériences qui tendent à prouver son existence.

Dans ce cadre, la présente étude analysera ultérieurement les problèmes relatifs au déterminisme des comportements humains tels qu’ils sont perçus dans les institutions juridiques. Elle tentera ainsi de répondre à la question de la légitimité de ces institutions fondée sur le principe de responsabilité en envisageant ses conséquences. Pour ce faire, elle présentera, de manière descriptive, l’évolution de ce principe de l’ancien régime jusqu’au système juridique actuel.














Citations

“Dira-t-on qu’on ne doit obéir aux lois qu’en tant qu’elles sont justes ? On autorisera les résistances les plus insensées ou les plus coupables, l’anarchie sera partout. Dira-t-on qu’il faut obéir à la loi en tant que loi, indépendamment de son contenu et de sa source ? On se condamnera à obéir aux décrets les plus atroces et aux autorités les plus illégales. ... L’obéissance à la loi est un devoir, mais, comme tous les devoirs, il n’est pas absolu, il est relatif ; il repose sur la supposition que la loi part d’une source légitime, et se renferme dans de justes bornes.”

Benjamin CONSTANT, Des droits individuels.

“Le voleur pourra toujours critiquer la répartition des fortunes, le traître s’attaquer à la politique étrangère de son pays, l’épouse adultère rejeter comme bourgeoise la législation familiale.”

Donnedieu de VABRES.

“Aussi longtemps qu’une loi, bien que mauvaise, ne tend pas à nous dépraver ; aussi longtemps que l’autorité n’exige de nous que des sacrifices qui ne nous rendent ni vils ni féroces, nous pouvons y souscrire. Nous ne transigeons que pour nous. Mais si la loi nous prescrivait, comme elle l’a fait souvent durant des années troubles, si elle nous prescrivait, dis-je, de fouler aux pieds et nos affections et nos devoirs ; si, sous le prétexte absurde d’un dévouement gigantesque et factice à ce qu’elle appelle tour à tour république ou monarchie, elle nous interdisait la fidélité à nos amis malheureux ; si elle nous commandait la perfidie envers nos alliés, ou même la persécution envers nos ennemis vaincus : anathème et désobéissance à la rédaction d’injustices et de crimes ainsi décorée du nom de loi !”

Benjamin CONSTANT, Des droits individuels.

“CREON : Et tu as osé transgresser cet arrêt ?
ANTIGONE : Oui, car ce n'est pas Zeus qui l'a proclamé, ni Dikè qui demeure avec les Dieux d'en bas ; ils n'ont pas fixé pareilles lois chez les hommes ; je ne croyais certes pas que tes proclamations avaient tant de pouvoir pour permettre à un simple mortel d'enfreindre les lois non écrites et inébranlables des dieux !”
SOPHOCLE.

“articles de foi politique, des articles consacrés, qu’il faut recevoir avec soumission, qu’il n’est plus permis d’examiner. Philosophe ! Voilà ton premier pas. Abjurer l’emploi de la raison !”

BENTHAM, Sophismes anarchiques, commentaire du Préambule.

“Ne commandez que quand vous saurez obéir”

SOLON.

“L’homme qui obéit à la violence se plie et s’abaisse ; mais quand il se soumet au droit de commander qu’il reconnaît à son semblable, il s’élève en quelque sorte au-dessus de celui même qui lui commande. Il n’est pas de grands hommes sans vertu ; sans respect des droits il n’y a pas de grand peuple : on peut presque dire qu’il n’y a pas de société ; car qu’est-ce qu’une réunion d’êtres rationnels et intelligents dont la force est le seul lien ?”

TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique.

“La loi est la raison humaine en tant qu’elle gouverne tous les peuples de la terre, et les lois politiques et civiles de chaque nation ne doivent être que les cas particuliers où s’applique cette raison humaine.”

MONTESQUIEU, L’esprit des Lois.

“Si dans l’intérieur d’un État vous n’entendez le bruit d’aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n’y est pas.”

MONTESQUIEU, Considérations.

“C'est la nécessité plutôt que l'intention morale qui détermine dans chaque cas quelle est la conduite sensée à tenir. C'est pourquoi la société civile ne peut pas même aspirer à être juste purement et simplement. Toute légitimité a sa source dans l'illégitimité ; il n'est pas d'ordre social ou moral qui n'ait été établi à l'aide de moyens moralement discutables : la société civile n'est pas enracinée dans la justice mais dans l'injustice, et le fondateur du plus célèbre des empires est un fratricide."

Léo STRAUSS, Droit naturel et histoire.

Savoir, et ne point faire usage de ce qu'on sait, c'est pire qu'ignorer.

Alain, Propos sur l'éducation (1932)

Feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore, d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne pas voir ce qu'on entend..., voilà toute la politique.

Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (1784)

Savoir mal est pire qu'ignorer.

Giacomo Giovanni Girolamo Casanova, Mémoires

Nul n'est censé ignorer la joie.

Jean-Louis Fournier, Grammaire française et impertinente

L'homme ne peut agir que parce qu'il peut ignorer. Mais il ne voudrait agir qu'en connaissance de cause - funeste ambition.

Jean Grenier , Lexique

Il y a deux manières d'ignorer les choses: la première, c'est de les ignorer; la seconde, c'est de les ignorer et de croire qu'on les sait. La seconde est pire que la première.

Victor Hugo, Océan prose

Savoir ce que l'on affronte est alarmant, mais l'ignorer est terrible.

Victor Hugo, L'Homme qui rit (1869)

La loi est implacable, mais la loi est imprévisible. Nul n'est censé l'ignorer, mais nul ne peut la connaître.

Georges Perec, W. ou le Souvenir d'enfance (1975)

Nul n'est censé ignorer la Loi. Il y a plus de deux cent mille lois.

Jules Renard, Journal, 13 mai 1901

Mal savoir ne vaut pas mieux que tout ignorer...

Gustave Thibon, L'équilibre et l'harmonie (1976)

Que de choses il faut ignorer pour «agir»!

Paul Valéry, Choses tues (1930)

“Nul n’est méchant volontairement.”

PLATON, Protagoras

“Lorsque quelqu’un te fait du mal ou dit du mal de toi, souviens-toi qu’il pense avoir raison d’agir ou de parler ainsi. Il ne lui est donc pas possible de suivre ta façon de juger, mais il suit la sienne, en sorte que s’il juge mal, c’est lui qui subit un dommage, puisqu’il se trompe. (...) Partant de ce principe, traite avec douceur celui qui te fait du tort. Dis-toi à chaque fois : “Il a cru avoir raison.”

EPICTETE, Manuel, XLII

“ ...pour être heureux dans ce monde, tout bien pesé, il n'y a rien de mieux à faire que d'être vertueux (....) il n'y a aucun vice qui n'entraîne avec lui quelque portion de malheur, et aucune vertu qui ne soit accompagnée de quelque portion de bonheur ; (...) il est impossible que le méchant soit tout à fait heureux, et l'homme de bien tout à fait malheureux, et que malgré l'intérêt et l'attrait du moment, il n'a pourtant qu'une conduite à tenir.”

DIDEROT L'Encyclopédie, “Irreligieux”

“...La véritable félicité et la béatitude d’un homme consistent dans la seule sagesse et la connaissance du vrai, nullement en ce qu’il serait plus sage que les autres (...) car cela n’augmenterait aucunement sa propre sagesse, c’est-à-dire sa vraie félicité. Qui donc se réjouit à ce propos, se réjouit du mal d’autrui, il est envieux et méchant, et ne connaît ni la vraie sagesse ni la tranquillité de la vraie vie.”

SPINOZA. Traité des autorités théologiques et politiques. Préface.

«Ceux d’entre les hommes à qui l’on fait du mal deviennent nécessairement pires.» «Par conséquent, ce n’est pas l’effet du juste de nuire».

PLATON, La République


“Notre volonté ne se portant à suivre ni à fuir aucune chose, que selon que notre entendement la lui représente bonne ou mauvaise, il suffit de bien juger pour bien faire.” DESCARTESDiscours de la méthode III

“Il n’y a aucun bien au monde excepté le bon sens qu’on puisse absolument nommer bien.”

DESCARTES. Lettre à Elysabeth, Juin 1645

“L’intellectualisme socratique et la théorie de l’intelligible ont tellement marqué de leur empreinte la conception du mal que nous rejetons volontiers la volonté méchante du coté du non-être, comme s’il y avait une source unique de ce qui nous apparaît comme le mal au niveau de l’action et de ce qui marque les limites de l’intelligibilité.”

NABERT, Essai sur le mal. “L’injustifiable”



>“Il n’est pas seulement plus noble, mais aussi plus doux de faire du bien que d’en recevoir, car rien n’est aussi fertile en joie que la bienfaisance.” PLUTARQUE, Il faut philosopher avec des principes. 3, fragment 544 de l’édition Usener.

“Je vois ce qui est le mieux et je l’approuve ; mais j’accomplis le pire.”

OVIDE, Métamorphoses.

« J’appelle servitude l’impuissance humaine à diriger et à réprimer les affects ; soumis aux affects, en effet, l’homme e relève pas de lui-même mais de la fortune, et il est au pouvoir de celle-ci à un point tel qu’il est souvent contraint, voyant le meilleur, de faire le pire. »

SPINOZA Éthique IV Préface, trad Misrahi

“Lorsqu’un enfant crie et ne veut pas être consolé, la nourrice fait souvent les plus ingénieuses suppositions (...) jusqu’à ce qu’elle ait découvert l’épingle, cause réelle de tout. (...) Ne dites jamais que les hommes sont méchants ; ne dites jamais qu’ils ont tel caractère. Cherchez l’épingle.”

ALAIN, Propos sur le bonheur.

"Désirer, c'est subir l'empire des choses."

Goblot, Vocabulaire philosophique.

«Ceux d'entre les hommes à qui l'on fait du mal deviennent nécessairement pires... Par conséquent, ce n'est pas l'effet du juste de nuire».

Platon La République

«J'appelle servitude l'impuissance humaine à diriger et à réprimer les affects; soumis aux affects, en effet, l'homme ne relève pas de lui-même mais de la fortune, et il est au pouvoir de celle-ci à un point tel qu'il est souvent contraint, voyant le meilleur, de faire le pire.»

Spinoza Éthique IV Préface, trad Misrahi

"Les modes de vie inspirent des façons de penser, les modes de pensée créent des façons de vivre... Au lieu de l'unité d'une vie active et d'une pensée affirmative, on voit la pensée se donner pour tâche de juger la vie, de lui opposer des valeurs prétendues supérieures, de la mesurer à ces valeurs et de la limiter, la condamner."

Gilles Deleuze, Nietzsche





BIBLIOGRAPHIES






Livres cités par Christophe Daadouch :

La responsabilité civile, administrative et pénale dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux / Jean-Marc Lhuillier
Une saison de machettes de Jean Hatzfeld
Des hommes ordinaires de Christopher Browning
La perle de John Steinbeck






Bibliographie professionnelle de Jean-Marie HEROUIN

BONJOUR Pierre, CORVAISIER Françoise, Repères déontologiques pour les acteurs sociaux, Erès, 2003

BOUQUET Brigitte, Ethique et travail social. Une recherche de sensl, Dunod, 2003

C.S.T.S., Ethique des pratiques sociales et déontologie des travailleurs sociaux, éd. ENSP



PATURET Jean-Bernard : De la responsabilité en éducation, Erès, 2003

ROUZEL Joseph, Le travail d’éducateur spécialisé. Ethique et pratique, Dunod, 2000

VIE SOCIALE, « Entre normes et valeurs. Le cas du travail social », Cédias-Musée social, n° 4, 2003








Bibliographie générale

• Carbasse, J.-M. (2000). Histoire du droit pénal et de justice criminelle . Paris : P.U.F.
• Freixa i Baqué, E. : A propos des expertises médico-légales en psychiatrie juridique . Comportement Humain, 5, 31-39, 1991
• Freixa i Baqué, E. : A quoi servent les prisons? Réflexions d’un béhavioriste. .
• Le tourneau , P. Calliet, L. (1998). Droit de la responsabilité . Paris : Dalloz Éditions.
• Spinoza. L’Éthique .
• Trigeaud, J.-C. (1999). L’homme coupable. Critique d’une philosophie de la responsabilité. Paris : Collection Philosophie du Droit.
• Vacquin, M. (1994). La responsabilité. La condition de notre humanité . Autrement.
• Hobbes. Leviathan . La domination est l’essence même de l’ordre politique. Le peuple s’engage à respecter un contrat unilatéral, qui n’engage que le peuple -pas le gouvernant, qui de fait est leur maître. L’ordre politique est au prix d’un pouvoir absolu du souverain. Une souveraineté ne se partage pas, elle est nécessairement une et indivisible, supérieure et extérieure au peuple, implacable donc efficace.
• Locke, Essai sur le gouvernement civil. §§ 95 et 99 : “Les hommes étant tous libres, égaux et indépendants par nature, personne ne peut être tiré de cet état naturel, ni soumis au pouvoir politique d’un autre homme, sans son propre consentement... Ce qui est à l’origine d’une société politique, ce qui la constitue véritablement, c’est uniquement le consentement d’un certain nombre d’hommes libres capables de former une majorité pour s’unir et s’incorporer à une telle société.”
• SARTRE, L’existentialisme est un humanisme : chacun est libre donc responsable, et doit "faire avec" les lois.
Déclaration des droits de l'homme : “Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation, nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. ”
• Auguste COMTE, Système de Politique positive : chaque citoyen est pétri des devoir qu'il a à rendre, et ne doit s'accorder le droit de s'en éloigner. “La décomposition de l’humanité en individus proprement dits ne constitue pas qu’une analyse anarchique, autant irrationnelle qu’immorale, qui tend à dissoudre l’existence sociale au lieu de l’expliquer, puisqu’elle ne devient applicable que quand l’association cesse. Elle est aussi vicieuse en sociologie que le serait, en biologie, la décomposition chimique de l’individu lui-même en molécules irréductibles dont la séparation n’a jamais lieu pendant la vie.”
Nul n’est censé ignorer la loi de Pierre-Olivier Sur, JC Lattès
• Platon, La République , I. Les Lois, livre IX. La République aide à comprendre la constitution pour se comprendre : chaque personnalité a plusieurs facettes distinctes (courage, désir, raison....), de même qu’une République est constituée à la fois d’une armée, de gouvernants, d’enfants, d’ouvriers...
Le régime démocratique que critiqua Platon n'est pas si différent du notre : il fait du désir de posséder un principe moteur. La démocratie est devenue le règne du bon plaisir, excitant les ambitions, suscitant les rivalités. L'injustice règne, le désir de posséder commande tout. Il faut une sacrée dose d'ironie pour appeler ce règne du désir du nom de liberté : sa beauté n'est qu'apparente ; il n'est pas dirigé par la tête (les lois), mais par le ventre (les désirs égoïstes). C’est rarement le plus sage qui dirige, mais celui qui a su se faire élire en retournant assez joliment sa veste pour séduire les électeurs.
• Aristote, La Politique : Aristote est sévère comme Platon à l’égard de la démocratie : la souveraineté populaire se trouve exposée aux vices des particuliers (irresponsable parce que médiocres pour la plupart, qui ne prétendent pouvoir légiférer que parce qu’ils sont nombreux). Citons, juste histoire de vous scandaliser : Livre 3, chap. 17 : “par nature, les hommes sont destinés à être gouvernés despotiquement” (Aristote vante les avantages du despotisme sur la démocratie : la démocratie est trop pervertie pour que ce soit la loi qui régisse les hommes ; aucune loi ne peut plus valoir quand c’est bien le peuple qui gouverne, c’est-à-dire exerce au jour le jour et dans chaque cas particulier sa liberté capricieuse. La démocratie finit inévitablement en démagogie, et les désirs insatiables prennent le dessus : les “souverains de l’opinion du peuple”, qui savent retourner leurs vestes, flatter et agir en méprisant l’intérêt véritable de la Cité, ne font pas de politique, parce que “partout où les lois ne gouvernent pas il n’y a pas de constitution”. Ce n’est que parce qu’il est despotique que le pouvoir relève de l’ordre politique !
• Spinoza Traité de l'autorité politique : la loi représente l'union des forces de tout un peuple pour adopter une règle commune, seul moyen de vivre ensemble en véritable harmonie. On retrouvera la même idée chez Rousseau affirmant que la liberté est l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite. L'État est institué “pour libérer l'individu de la crainte, pour qu'il vive autant que possible en sécurité, c'est-à-dire conserve, aussi bien qu'il se pourra, sans dommage pour autrui, son droit naturel d'exister et d'agir. Non, je le répète, la fin de l'État n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celles de bêtes brutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'État est donc en réalité la liberté.”
• Rousseau : Le Contrat Social: il faut «trouver une forme de gouvernement qui mette la loi au-dessus de l’homme». “Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant.” “Puisqu’aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes.”
Discours sur l'origine est les fondements de l'inégalité parmis les hommes : Le début de la seconde partie de ce chef d'œuvre explique les fondements du droit, l'arbitraire de la loi, fondamentalement injuste parce que la propriété privé fut le premier droit affirmé, par le premier qui en eut le culot : "Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne."
• NIETZSCHE : Généalogie de la morale (montre qu’historiquement ce sont les maîtres qui définissent le Bien et la Vérité)
• Rawls : Théorie de la justice : idée qu’il faut que les citoyens puissent se dévouer.
• Foucault : Surveiller et punir : c’est l’emprise du carcan social qui rend le citoyen prévisible.
• MONTESQUIEU, L’esprit des Lois : Livre III, chap. IX : le principe du gouvernement despotique est la crainte. Le despote règne par la terreur, mais lui-même, craignant pour son pouvoir et pour sa vie, est condamné à ne cesser, pas un instant, de se faire craindre. Il n’est pas vrai qu’il existe des despotes libéraux, éclairés ou humanistes. Car l’homme qui tremble est une bête traquée, qui perd les sentiments humains. Le civisme et l’estime de soi, qui font les sociétés humaines, ne peuvent exister dans un régime despotique. Le gouvernement despotique, parce qu’il déshumanise les hommes ressemble à une froide machine, qui ne peut cesser de faire trembler sans cesser d’être. Livre IV chap. IV : montre un beau paradoxe : dans la tyrannie, il n’y a plus de maître, vu que le tyran est en même temps esclave : vivant dans l’oppression permanente d’un complot, il n’a pas la liberté fut-ce de baisser les yeux : les hommes soumis sont irresponsables au sens où ils n'assument pas l'autorité qui les gouverne, il ne plient que tant qu’ils sont sous son joug, et profiteront du moindre faux-pas de leur maître pour se libérer de leurs chaînes.

Commentaires

le dimanche 14 juin 2009 à 14 h 20 : Ciné-philo à l'Entrepôt (Paris) :
"Ne me liberez pas, je m'en charge" de Fabienne godet, en présence
de Michel Vaujour et de la réalisatrice.

Je travaille actuellement à l'élaboration d'un article sur l'éthique immobilière et la propriété. Je vous invite tous à décrire les enjeux, les responsabilités diverses, les abus de pouvoirs, bref, les aventures et mésaventures de celui qui achète une maison. J'ai déjà l'éditeur, il me manque des matériaux, dans la vie réelle, concrète de chacun ! Je vous invite tous à écrire votre version des faits et de leur déroulement, pour montrer, de votre point de vue, quelle a été votre part active dans les déroulements de ces processus.

La responsabilité des généraux d'hitler qui ont cherché à tuer le dément, avant qu'il ne fasse éclater le monde,et n'y ont pas abouti,est bien plus considérable que les stratégies équilibrées du dément. Lui, il était démoniaque; il avait des excuses; tandis que tout autre homme sensé, mis à la place des généraux aurait tué la bête immonde.

Découverte que, si, pour une petite part, les résurgences animales sont l'affaire des psy, toutes FORMATIONS PéDAGOGiQUES rendent déprimés par dégoût d’une société qui se voulant mondiale ne porte nulle attention personnelle aux découvertes de chacun .


Bonjour,
Ce ne sont pas les expériences de type freudien ou psychanalytique qui éradiqueront les manques de confiance en soi des personnes formées par un enseignement.
C'est parce que chacun étant différent, les rigoureusement identiques matières enseignées ainsi que les exercices auxquels on les habitue, si elles rendent sans conteste tout a fait compétents, ont un effet pervers. LA DOCiLiTé quotidiennement imposée durant 18 ans les ont fait douter d’eux-mêmes.
Dans l'emportement de l'évolution naturelle, les persuasions ne partant pas naturellement de ce sur quoi ils s’interrogent, ont cloué les bouches des scolarisés pour les mettre sur le « qui vive » et être ainsi artificiellement rendus attentifs à des répétitions soutenues de matières à répéter aussi souvent et aussi attentivement que possible. Pour qu’ils y soient si habitués que leur pratique en deviennent aussi évidentes que si ils les avaient découvertes par une recherche acharnée.

Mais un tel savoir artificiel n’est pas englobé dans la nature et celle-ci réagit en ne répondant de rien d'avance sur ce que le déséquilibre peut transformer de non prévu, il déséquilibrera leurs naturel mode d’assimilations individuelle et, quand se présenteront les questionnements sur eux-même, aucune connaissance de soi n’ayant été construite, ils se retrouvent seuls, individuellement soumis a l'insécurité.

LEUR SOUS ALIMENTATION EN MATIERES DE RECHERCHES COGNITIVES LES ADRESSENT AU LIBRE ARBITRE D’UNE
TUTELLE STRATéGIQUE TOTALE.

Globalement, le problème n'est pas seulement pédagogique.
L’ESSENTIEL c'est l'équilibre magique qui rendrait la planète prodigieuse, si l'assimilation par des débats d'élèves, sur le modèle des débats télévisés, où le professeur aiguillerait les débats de groupuscules et donnerait corps a des concertations, où, après rodage, chacun pourrait structurer le mode de pensée le plus aisé pour lui, celui de son innéiste intuition. Ainsi, il se sentirait utile, et ses ambitions ne le pousseraient pas à ambitionner d’usurper un rang de quelqu’un de naturellement plus doué pour cela, car c’est sur lui-même que se moulerait une tâche où exercer ses propres talents avec le moins d’inutiles complications.

J’ai donc rédigé un livre étrange, accessible à tous, à lire page par page et que je viendrai vous montrer, si vous voulez m’aider à trouver un éditeur, si mes idées personnelles non pédagogiquement apprises
devaient retenir votre attention.

Pour redorer le blason de l’assimilation foncière par la lecture, mes pages sont découpées en succincts fichiers, où retourner avant de repartir plus loin.
Si vous trouviez une heure de temps à Bruxelles, je viendrai vous expliquer « comment ça marche.
Le jour où cela conviendra le mieux.

EN FAIT, La vraie démocratie consisterait d'après moi à plébisciter par cascades de bas en haut celui dont la nature répond le mieux à être le porte parole des explications parfois laborieuses des libre arbitre de ses collègues. "Ce n'est que grâce aux 15.000 mises à jour des opinions des généalogiques et holistes innéismes que l'évolution naturelle a mis fin aux guerres mondiales qui l'eussent décimée".

Si ma démarche vous pouvez en consulter l'esquisse sur le net pour vous forger une opinion nettement mieux détaillée sur ma démarche en consultant L’éCRiT TéMOiN

users.skynet.be/willy.mau...
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La recherche d’Anthropologie Occidentale Contemporaine en dehors des sentiers battus.

Bonjour,

En juxtaposant des rapprochements que les libres arbitres des grands écrivains connus ont développés, j’ai rapprochés LES iDéES-FORCES de ceux-ci, dans une sorte de puzzle BiEN DiFFéRENT des « iDéES REçUES »;

*CONNAiSSANCES ACQUiSES les SUPERFiCiELLES Formations de Savoirs.

*CONNAiSSANCES iNNéES les FONCièRES globalisations intuitives approfondies des généalogies ascendantes remises à jour lors des copulations.

L’ASSISTANCE EPISTéMOLOGiQUE iNNéE DES éMOTiONS iNDiViDUELLES DURABLES PAR DES APPROFONDiSSEMENTS DE GLOBALiSATiONS iNTUiTiVES GéNéALOGiQUES GéNéTIQUEMENT MiSES à JOUR.
MAIS LES ARTIFICES TELS LES MéCANiSMES lorsqu’en tant que tels il ne sont que conceptuels, aussi longtemps qu’ils ne transforment pas des consommations d’énergies en gains de déplacement, n’émeuvent encore personne.
DE MÊME pour les machinales mémorisations de mots et exercices mnémotechniques superficiellement normalisateurs qui mène à une compétence qui ne deviendra transformiste que lorsqu’elle sera pratiquée et sera convenue sans émotion, si ses avantages pénalisent dans la même mesure ce que la clientèle prend en compte.
MAIS, si, grâce à n’importe quel procédé UN ORDINATEUR EST MIS AU POINT, l’émotion de le voir répondre à des questions inconnues à l’avance sera renversante et nécessitera un long approfondissement « sur toutes les coutures ».
A mon avis, l’univers cybernétique sera adopté
Par la nature comme une inséparable ombre des savoirs humains, dans la même mesure qu’une voiture vous mènera plus loin que vos pieds, mais ne rentrera pas votre la maison.
Cet approfondissement empirique clôturé, il faudra mettre à jour la globalisation intuitive incorporant cela pour ses descendances.
PARCE QUE ” L’épistémologie holistique du
transformisme” ne se RééQUiLiBRE PAS:
DANS UN SYTèME EXPRESSION D’UNE QUESTION ASSiMiLéE A LA DiaLECTiQUE NATURELLE, L’EXPLICATION DOIT PARTIR DU SIMPLE, L’APPROFONDiR ET DéMONTRER AVANTAGES ET INCONVéNIENTS DE LA TRANSFORMATION ?
DANS CE CAS CI, LE PRINCIPE PSYCHiQUE D’UNE RESTITUTION DE L’ASSIMILATION COGNITIVE C’EST DE METTRE SUR UN MËME PIED LES AVANTAGES ET INCONVéNIENTS D’UNE TRANSFORMATION POUR NE TRANSFORMER QU’A BON ESCIENT. L’AUTOMATION, Même SI ELLE EST PROFITABLE A TOUS. La CONCERTATION elle, POURRA METTRE EN éVIDENCE NATURELLE, QUE LES MOYENS BUDGéTAIRES ne DOIVENT PAS VISER DU CAMOUFLAGE D’INUTILITé, soit-elle conceptives (la fragilité des perdants appelle des bouleversements sociaux et est donc utile) ou productive, le recours à ce que réalisent les artisans et contribuent à expliquer la secourable nature quand les guerres matérialiste ne l’asservissent pas
L’artifice NUMéRiQUE à la raide interprétation de la notion de (l’égalité des chances) que tout le monde est amené à comprendre comme “UNE ABSENCE DE FAVORITISME DANS L’APRéCiATiON DES FAITS” ne doit surtout pas être comprise “AU SENS PROPRE” car impossible à étalonner, elle est impossible à mesurer dans l’enseignement que dans la formation continue que constituent les médias ELLE EN DEMEURE FORMALISTE, EMBLéMATIQUE POUR D’INSENSéES PRéSCéANCES PROTOCOLAIRES ET NE DOTE D’AUCUNE FONCIèRETé FACE AUX IMPRéVUS PéDAGOGIQUES!
Les monologues de l’instructeur récitent à la lettre un programme banalisé. Quels qu’en soient la discipline et le niveau, le récitant instructeur est interchangeable avec ceux du même diplôme que lui, chacun d’eux n’ayant à requérir des élèves que de réciter, au plus près et attentivement, les matières répétitivement enseignées en vue de la formation, sans surtout chercher à comprendre quoi que ce soit d’autre qu’une suite mnémotechnique. Comprendre les implicites ? : pas question ! : la « Société de Consommation » oblige à la normalisation !
POUR RAPPEL, A MON AVIS,
LA NATURELLE MAGiE DE L’ENTENDEMENT iNDiViDUEL s’insurge contre le refoulement par les « SAVOiRS APPRiS » de la NATURELLE LUCIDITé iNNéE PAR DES (LAMARKIENNES) MISES à JOUR DES EMPiRiSMES, GLOBALEMENT OBSERVéS PAR APPROFONDiSSEMENTS, SPONTANéMENT MOTiVéS PAR DES éMOTiONS RENVERSANTES, EN PRéSENCE DU NiVEAU D’iNVESTIGATiON PROPRE à SON HéRITAGE GéNéALOGiQUE iNNé, QUE SON COUPLE DE PARENTS AURA iNTUiTiVEMENT (BERGSON) Mis à JOUR ENTRETEMPS, chacun de son côté.
"Ce n'est que grâce aux 15.000 mises à jour des opinions des généalogiques et holistes innéismes que l'évolution naturelle a mis fin aux guerres qui l'eussent décimée".


C’EST UNE TRISTE CHOSE DE PENSER QUE LA NATURE PARLE ET QUE LE GENRE HUMAIN N’ECOUTE PAS / VICTOR HUGO /CARNETS, ALBUMS, JOURNAUX
.
La coutume fait nos preuves les plus fortes et les plus crues. Elle incline l’automate qui entraine l'esprit sans qu'il y pense/ Blaise Pascal/ pensée 152.
(autrement dit : à force de recommencements, l’habitude façonne des pratiques de plus en plus habiles, mais cela au préjudice de la sensibilité spirituelle).

« Contrairement à l’équilibrée inspiration naturelle, l’artifice, lui, en soi, n’évolue pas « progressivement et de toutes parts », par de « souples rapprochements successifs et durables d’intériorités individuelles de seuls tenant globalement systémiques ».
« Pour se retrouver plus avancé, il y faut que les artifices se soient hybridés, aux sains d’innombrables usages habituels, transformés par des extériorisations injonctives de constitués amendements de « matières à séquences de procédures pour tout ce qui touche l’ordre public. »

LE LAMARCKiSME/SOCRATiCO-BERGSONiEN.


Chapitre 1
La fracture entre SOCRATE (la recherche iDéALiSTE par le « bouche à oreille » de la dénégation des « il semblerait que... » ) et PLATON ( le « MATéRiEL des artifices » tels la consignation par l’écriture et le dessin des constructions dans des étagements superposés, soi disant démontrables, car certifiés par le niveau d’eau et le fil d’aplomb).

D’abord, nous sommes présentement dans un univers d'idées reçues PLATONiCiENNES , fondées sur la « planéité superposable » au lieu de pouvoir exploiter les dialogues SOCRATiQUES clarifiant notre personnalité propre.
SOCRATE, lui, faisait “accoucher” les jeunes de la connaissance de leur individualité propre. Tout comme le CHRiST, “il dialoguait, sans coucher sa poésie métaphorique sur le parchemin d’époque ».

Suivant ainsi le naturel approfondissement des bouches à oreilles, tous niveaux d’âges indistinctement considérés, SOCRATE ébranlait les idées reçues au profit des « face à face » des intuitions naturelles dialoguées.
MAiS PLATON, en fondant avec Aristote une ACADéMiE à ceux qui croyaient contrôlables le postulat d’EUCLiDE, à savoir l’appui de superpositions d’étages typés, ancrés dans des fondations de terrains cadastraux MêMES accidentés, (grâce à des fils d’aplomb et des niveaux d’eaux) lui a coupé l’herbe sous le pied.
D’après l’ACADéMiE, fondée par ARiSTOTE et lui, il fallait construire les raisonnements par des successives démonstrations à partir de ce qui était précédemment prouvé. Il s’agissait d’échafauder l’une sur l’autre des thèses préalablement démontrées comme contrôlables. En quelque sorte, des recettes scientifiques qui réussissent toujours . (ce qui coupait l’herbe sous le pied de l’indéfiniment méditée recherche idéaliste de SOCRATE)
Mais, voilà : à l’aire spatiale, on sait que la planète terre est un CENTRiPèTE agglutinement de couches de même niveau d’accélérations statiques, et que le postulat d’Euclide sur lequel reposent toutes les démonstrations suivantes est donc faux. Les vecteurs de pesanteurs se croisent, et donc discréditent le postulat (ils arrivent tous au centre de gravité de toutes les planètes, par une convergence vers ce centre de gravité-là). « Et cela seul suffit à iNVALiDER LA PLANéiTé VOIRE LA « NORMALiTé DE L’ANGLE DROiT » AINSi QUE LA SPHéRiCiTé DES HORiZONS ET MëMES TOUTES LES DéMONSTRATiONS ULTéRiEURES « QUE LES iDéALiSMES SOCRATiQUES PEUVENT, à NOUVEAU RENVERSER» .

iNTRODUCTiON : La coutume fait nos preuves les plus évidentes et les plus crues. Elle incline l’automate qui entraine l'esprit sans qu'il y pense/ Blaise Pascal/ pensée 152 . ( autrement dit : à force de recommencements, l’habitude façonne de la pratique de plus en plus habile, mais cela au préjudice de la sensibilité spirituelle ).


Le « bon sens » de l’évolution naturelle de l’homme, c’est d’abord de dialoguer sur des « pourquoi d’idées reçues » et seulement alors d’affronter les dires de la société, afin d’en retenir ce qui touche ses centres d’intérêts personnels. De ne pas faire le mort face aux menaces pour le libre arbitre par les rituels pédagogiques et massiques, mais seulement par de « l’inattendu, par du déroutement pour sa perception affective de tous les vécus, dont le sien propre, celui de ses proches, celui des livres et des films et même, ceux des propos des mass-medias entièrement prenants et/ou dérangeants ».
Car, comme, dans notre visage, partie prenante de l’originale évolution la plus naturelle, la partie prédestinée au langage se présente sous forme individuelle de communication par « du bouche à oreille », par dialogue, jusqu’à ce que l’autre ait compris quelque chose de nouveau et que « tout canal de communication massique reste au stade de préjugé s’il n’a pas été, un jour, assis sur des dialogues entre des échanges de questions aiguillées par des réponses de deux parties attentives toutes deux ».

Le « bon sens » de l’évolution naturelle, c’est d’approfondir ses émotions en présence d’inattendu, et de rabâcher cela pour ne pas craindre à l’avance de l’indiscible7 dans les évocations usuelles à venir.
De consulter son naturel instinct inné, « sa bergsonienne intuition humaine des épistémologies d’empirismes lamarckiens génétiques (des sortes d’archives d’intuitions tenues à jour par des connaissances consécutives à des effarouchements d’émotions).
Celles les plus approfondies un jour par les expérimentations empiriques de la généalogie de vos ascendances dominantes.

LA VéRiTé

Pour sa recherche de vérité, la nature procrée par des désirs (responsables ou non) et qui sont surtout fonction de compatibilité entre 15.000 lignées de 6.500.000.000 sortes de systèmes émotionnels qui braquent les corps et âmes de lucidités des successives connaissances génétiques sur autant de déroutantes émotions CiCATRiSéES UN JOUR, EN COURS DE ViE ASCENDANTE.

MAiS LES ENSEiGNEMENTS « à LA LETTRE » DES PLATONiSMES ET DES CATéCHiSMES, AU LiEU DE RENDRE LES ENFANTS VéRiTABLEMENT JOYEUX PAR DE LA GENTiLLESSE TOUCHANTE iNATTENDUE, NE SONT QUE DE LiVRESQUES PARADES AVEC PLUS D’iNCONVéNiENTS QUE D’AVANTAGES !...

Bouger c’est se mettre à découvert ; souvent devoir sortir de sa réserve ; c’est risquer de devoir répondre sans contrat de prise de responsabilité raisonnable. C’est prendre ses rails personnels en dehors des grandes lignes, par dessus les docilités en usages pour le maintien du superflu de l’ordre public. C’est aussi s’écarter des engrènements automatiques redescendant des lois des « niveaux pyramidaux » et « des étagements des isolés qui, par ailleurs, voudraient les retourner par des étapes successives de bas en haut, par des plébiscites de poussées de reconnaissances ».
Pour l’évolution naturelle de l’esprit humain, cette première sorte de génétique générationnelle est recoupée par un « melting-pot » des niveaux d’approfondissement des « vécus émotionnels de parents », d’empirismes générationnels, quant aux adaptations aux environnements de leurs descendances, tenues à jour à chaque naissance. Cela, pour que les synthétiques boite noire des bagages épistémologiques innés soient doublés d’une mise à l’épreuve sur les terrains des vécus., et non de grotesques spéculations de croissances DE TELLE SORTE QUE L’éVOLUTiON NATURELLE S’iNVESTiSSE dans les avancées des constitutions de nouvelles sociétés de passionnés par l’élan vital.
Quoi de plus naturellement évolutif que les adaptations aux sociétés nouvelles, et aux imprévisibles germinations plus naturellement prises en comptes. Et l’innéiste épistémologie des approfondissements des émotions face aux approchements métaphoriques, s’en retrouvera de mieux en mieux étoffée de penseurs.
Alors, pourquoi les pédagogues croient-ils « dur comme fer » que ce n’est pas sur de l’évolution naturelle mais bien sur d’avantageuses discussions économiques, qu’il faut systématiquement instruire les citoyens, et ceci, d’autant qu’ils stigmatisent la sauvagerie naturelle des prédateurs sauvages, (-quant à eux exclusivement agressifs pour se nourrir, ce qui les différencie des « prédateurs d’argent » vain prédateurs de perpétuelles fringales! )
Toute limitation de vitesse, tout calcul de probabilités croient tout pouvoir normaliser par des stratégies d’impacts mécanistes DONT LES ORiGiNES DiSPARATES NE PROCURENT CEPENDANT EXCLUSiVEMENT DES ACCiDENTS QUE PAR D’iMPRéViSiBLES CONCOURS DE CiRCONSTANCES.
On imagine exacte une remontée dans le temps d’interactivités normalisables en modérant tous les facteurs pouvant intervenir, n’imaginant pas un seul instant que de tels procédés assoupissent les forces vives des défenses naturelles !
Cependant que les remontées sur leurs pas des impossibles convergences d’impacts ne respectent ni chronologie, ni spatialité prévisible de quelque manière que ce soit, et ne répondent qu’à des fatalités le plus souvent fortuites, car incapables de toute stratégie spirituelle qu’il leur faudrait pour éviter cela. “Il n’y a pas de fatalité inéluctable ».

ON NE TRiOMPHE QUE DE CE QUE L’ON S’ASSiMiLE / André GiDE / Les Faux Monnayeurs / GALLiMARD.”

ET C’EST PARTOUT GéNéRALiSé : TOUTES LES FORMATiONS ARTiFiCiELLES SUiVENT UNE STRATéGiE ViSANT à VOUS RENDRE PRéViSiBLES, ViA VOS MACHiNALES TENDANCES DE NE CROiRE éViDENT QUE CE QUE VOUS NE CONNAiSSEZ SANS PLUS QUE SUR LE BOUT DES DOiGTS, ( DES PRATiQUES DANS UN éTAT SECOND VU SOUS L’ANGLE NATUREL DE LA CONSCiENCE ; DES RESPONSABiLiTéS DOGMATIQUES DE VOS PEUT-êTRE iNSENSéES PRiSES DE DéCiSiONS (DéBRANCHéES AUX NiVEAU DE LA NATURE PROFONDE DE VOTRE ESPRiT CRiTiQUE).

Le rôle de la vie est d’insérer de l’indétermination dans la matière/ Bergson/ L’évolution créatrice/P.U.F


LE HASARD SAiT MéLANGER, iL NE SAiT PAS DéMêLER, ET POUR FAiRE AVEC DES éLéMENTS MULTiPLES UN éDiFiCE BiEN ORDONNé, DANS LEQUEL ON DiSTiNGUE QUELQUE CHOSE, iL FAUT LE FAiRE EXPRèS. " /POiNCARRÉ (HENRi) (1854-1912). Science et méthode, (1907 ) Paris, FLAMMARiON

NOTRE NATUREL PROFOND N’EST PRéDESTINé A PRENDRE DES RiSQUES QUE QUAND LA SOCiéTé MéSESTiME SES DiSPOSiTiONS à règler sa conduite en toute autonomie.
Chapitre 2
L’innéisme lamarckien par approfondissement des émotions durables nous procure un épistémologique empirisme généalogique tenu à jour dont la bergsonienne intuition nous monte à l’esprit lorsque nous sommes placés en présence de situations confuses.

Car, une fois de plus, confrontées aux épreuves sur de nouveaux recyclages de réalités vécues et recadrées sur des temps nouveaux, sur de nouveaux terrains, notre intuition épure sa tenue à jour des opinions génétiques innées.

Rappelons que, pour sa recherche de vérité la nature incarne des parentés génétiquement sélectionnées corps et âmes, d’arbres généalogiques des 2 parents accouplés par des désirs (responsables ou non) et qui sont surtout fonction de compatibilité entre 15.000 lignées de 6.500.000.000 sortes de systèmes émotionnels qui braquent les lucidités des talents et des intuitions sur autant d’inaccoutumés iNDiViDUELS et SOCiéTAUX pour chacun héritant de l’archivage des modes de cicatrisations aux analyses de déroutements émotifs cumulant une sélection des gènes dominants de la maman et du papa.

Cela se démontre par deux procédures de recherches différentes :
LAMARCK (L’iNNéiSME ET LE TRANSFORMiSME GéNéTiQUE) ainsi que Bergson (L’iNTUiTiON ET LA DURéE) et aussi « NOUS DEVONS ENTENDRE PAR L’ESPRiT UNE RéALiTé QUi EST CAPABLE DE TiRER D’ELLE-MêME PLUS QU’ELLE NE CONTiENT » / éCRiTS ET PAROLES/TII/P.U.F./

Le « bon sens » de l’évolution naturelle de l’homme, c’est de ne pas autoritairement se laisser tétaniser le libre arbitre par la lettre de la prise à la lettre d’un inattendu dans sa perception affective des vécus dont le sien propre et celui de ses proches.
L’inattendu vous informe des prédispositions « à faire exercer par vos descendances pour dilater leurs niveau de communications » au mépris de toutes les pressions psychologiques du « court terme »

Car, comme, dans notre anatomie, partie prenante de l’évolution naturelle, la partie prédestinée au langage se présente sous forme individuelle de communication par « de bouche à oreille », par dialogue jusqu’à ce que l’autre ait compris quelque chose de nouveau et nuancé ce que l’autre semble ignorer dans les divers canaux de persuasion de besoin de bien-être (sic). Nos archétypes généalogiques hérités portent implicitement en soi de devoir être assis sur des dialogues entre des échanges de questions aiguillées par des réponses des deux parties, démystifiant ainsi les jargons.

Pour être sûr que tout le monde comprenne les pédagogies sont nimbées de stylisations abordées au niveau de l’observable premier degré. TOUT PROPOS MéCANiSTE N’EST QU’UN ARRêT SUR iMAGE.
ET, N’éTANT QUE RELATiVE, LA CONTRiBUTiON DE L’éCRiT ET l’éCRAN RESTE ARTiFiCiELLE ET N’A PAS QUE DES AVANTAGES : ELLE DOiT SPéCULER LE DEVENiR MONDiAL DES CONSéQUENCES éCOLOGiQUES DiRECTES ET iNDiRECTES QUE NE RENCONTRE PAS L’iNTUiTION, CETTE SORTE DE “BOiTE NOiRE” NATURELLE DE L’ENTENDEMENT QUi, EN L’OCCURENCE, N’éCLAiRE QUE DE L’iMAGiNAiRE, (reconnaissons-le PARFOiS OUTRANCiER).

LA MéCANiSTE NORMALiSATiON EST CE QUi POUSSE LE PLUS LA DéNATURATION éVOLUTIVE SE RéFéRANT AUX «HASARDS » DES CONSERVATRiCES STATiSTiQUES QUi NE CONNAiSSENT QUE DE SiMPLiFiéES RAISONS SORTANT TOUT DROiT DES SENSTiONNELS « ON DiT QUE...».

Chaque personne est imprégnée corps et âme d’un univers individuel d’ouverture aux autres, découvert par Socrate en faisant germer le doute, dans les jeunes esprits, sur les fondements des idées reçues.

Tout le monde ne sait pas douter : on a besoin de lumière pour y parvenir, et de force pour s’en tenir là. /Fontenelle/Réflexions sur la poétique.
LA SEULE COMMUNiCATiON SOCiALE PARTiCiPANT DU FONCiER NATUREL HUMAIN, NE PEUT êTRE QUE LE « DiALOGUE DE DEUX PERSONNES ATTACHéES BEC ET ONGLES A LEUR POiNT DE VUE ».

IL FAUT A CHACUN AJUSTER, NUANCER ET iLLUSTRER CE QU’iL ENTEND SiGNiFiER : VéRiFiER SUR LE ViSAGE DE L’AUTRE QU’iL EST BiEN ATTENTiF à VOS iNTERVENTiONS.

IL N’Y A QU’AiNSi QU’ON PEUT PARVENiR A S’ASSURER QUE TOUT L’ENTENDEMENT DE L’AUTRE PARLE DE LA MêME CHOSE QUE LE SiEN PROPRE.
…ET QUE TOUS DEUX ONT FAiT S’ENCLENCHER DES NOTiONS NOUVELLES
…QU’iLS POURRONT ENRiCHiR DANS LEURS GERMiNATiONS FUTURES D’UN ENTENDEMENT, DE PLUS EN PLUS « VRAi » QUE PRiS EN CONSIDéRATiON PAR LE BON SENS, ( CAR PARTANT DE TERMES SYNCHRONiSéS. ILS SONT, EN EFFET à L’iMAGE DES COORDiNATiONS éCOLOGiQUES SAiSONNièRES ).
LA CLARTé DE TELLES CONNAiSSANCES iNTiMES PROCURERONT A TOUS DEUX UN VéCU éVOLUTiF UTiLE A LEURS DESCENDANTS AFiN DE COMPRENDRE PAR DE L’ENTENDEMENT.
A MON HUMBLE AViS, SOCRATE, PAS PLUS QUE LE CHRiST, NE VOULAiENT FAiRE AUTRECHOSE QUE DE CULTIVER LA GERMiNATiON DES ENTENDEMENTS PAR DES DiALOGUES, LES DéPOUSSièRANT AiNSi DES PRéJUGéS DU SENS COMMUN. ET,
… CE QUi ? à L’OPPOSé DES PRéTENTIONS DE L’ORGUEILLEUX PLATON NE ViSAiT PAS A AiGUiLLER LE FUTUR EN SE PLAçANT A DES SOMMETS DE PYRAMiDES, AfiN DE S’éTENDRE AU PLUS LoiN DE LA DURéE DES RiCOCHETS GéNéRATiONNELS D’AUTORiTARiSMES CODiFiéS.

La motivation émotive durable, n’a pas d’autre explication possible que le raffinement de la biodiversité parentale des différentes genèses d’ascendances des deux membres du couple.
Inspirées à chaque bagage évolutif de nouveau né, par des mises à jour par l’épistémologie d’ analyse de procédés de cicatrisations intuitives, de ses émotions foncières en face d’égarement, en fonction de son bagage inné d’empirismes généalogiques, chacun remis à jour de longue date à chaque naissance, voire restructuré de fond en comble.

L’éVOLUTiON NATURELLE DE LA LUCiDiTé ET SURTOUT DE L’ENTENDEMENT NE DOiT, PAR ESSENCE, SEULE NE BiEN éViDEMMENT SE COMPRENDRE QUE COMME « iNNéiSTE ».
ELLE NE REDEViENT EXCLUSiVEMENT ViVABLE QUE ViA LES EXPRESSIONS MULTiSENSORiELLES DE NOS MORPHOLOGiES DE BOUCHE A OREiLLE.

LES DiVERSiFiCATiONS DES MASSiQUES MéDiATiSATiONS D’éQUiLiBRES APPLATiES NE SONT SEULEMENT POURSUiViES QUE ViA DES éNONCéS iNERTES ET QUi, EN L’ABSENCE D’iMAGiNATiON NE SONT QUE DE VAGUES CONDiTiONNEMENTS DEMEURANT AMORPHES !...

AiNSi EN VA-T-iL DES MéCANiSTES USAGES DES RECETTES APPROXiMATiVES, AUSSi LONGTEMPS QU’UNE iNTUiTiON N’EN RéVEiLLE PAS LA JUSTESSE.

SEULEMENT ALORS, RESSORTANT DU TRAiN-TRAiN DE L’HABiTUDE, iLS SE DéTACHENT DE L’AUTOMATiCiTé ET « BOUGENT ».
iLS éCHAPPENT ALORS AUX CONVENANCES HiéRARCHiQUES DE LA PASSiViTé DéSENCHANTéE DE LA de RAMiFiANTE SOUS-SUBORDiNATiON : LEUR ATTENTION N’EST REQUISE QUE QUANT à LA RESPONSABiLiTé D’APPLiQUER DES ACCOUTUMANCES PéDAGOGiQUEMENT NORMALiSéES ET MiSES à L’éPREUVE.
(SAUF POUR LES GUERRiERS QUi N’ONT D’AUTRE CHOiX QUE DE SE FAiRE HORRiBLEMENT MONTER LA TÊTE POUR SE FAiRE TUER SOUS L’UNiFORME DU HéROS OU DU LÂCHE).

Chapitre 3
Ce qui déconcertera l’univers de tout héritier des 2 généalogies parentales tout en lui paraissant étrangement familier à 15.000 dominances génétiques innées, corps et âme, à partir d’un héritage entre eux sympathique, et ceci d’autant plus que synthétiquement confrontées à de semblables typage sociaux souvent ininterrompu dans une même succession sociétale de remaniements conscientisés, déjà 7.500 fois avancés :

Quoi de plus ingénieux pour viser à parfaitement adapter chacun à de semblables concours de circonstances de milieux générationnels en version plus avancée.
Une telle déclinaison de similaires évolutions, de moins en moins mystérieuses, parce que de plus en plus libérées par de la vérité de mieux en mieux débarrassée des mystifications hiérarchiques arrogantes.
Cela ne va pas sans échec, pour ceux qui idolâtrent les formules d’auteurs, sans en synthétiser l’essence sympathique de leur retour à une vérité d’archétype des causalités éternelles.
L’évolution, c’est que ce bagage soit éprouvé successivement par les nouvelles données du terrain, en rapport avec les typages d’échanges dialogués, entre proches et sympathisants, connus de près et de loin dans les milieux générationnels successifs, et des de mieux en mieux réciproqués dialogues des temps neufs.
... Des enclenchements d’émotions, remaniant les intuitions et les conscientisations des ingrédients des prises de consciences vécues particulièrement turbulentes au 20ème Siècle leur auront fait évoluer la lucidité de plus en plus dans le respect des vérités d’archétypes, dépoussiérés lorsqu’améliorés par les dialogues du bouche à oreille.

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