Raison et passion
Par François HOUSSET | Les Textes #80 | 2 commentaires | |
Passion vient du latin passio, “souffrir” : ça rigole pas ! Les nerfs à vif, le passionné souffre qu’une action extérieure s’impose à lui. Il doit tolérer l’intolérable : être pris par les nerfs, manipulé, poussé à agir malgré sa volonté. Il est hors de lui, sous contrôle. On le plaint. Au point de lui pardonner quelques folies : le pauvre est dépossédé de lui-même ! On accorde ainsi les circonstances atténuantes aux crimes passionnels, parce qu’un passionné fait le pire ou le meilleur sans vraiment y être pour grand chose : c’est plus fort que lui. La raison se tait et contemple, voire se lamente misérablement. Le plus souvent elle s’en est allée comme une lâche avant que le sang bouille. On la comprend aussi. La tête peut-elle rester froide quand le cœur brûle, pis encore, quand l’esprit s’embrase, et, pire encore, quand le corps flambe ?