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Nul n’est censé ignorer la loi

Même mal, nous connaissons les règles du jeu : ceux qui le nient encore sont de mauvaise foi, de mauvais joueurs. L’histoire (ancienne et contemporaine) nous montre comment nous en avons élaboré les règles ensemble. Discutée publiquement, la loi se construit à coups de votes : il en faut de la mauvaise volonté pour l’ignorer ! La loi est la règle nous permettant d’évoluer dans un même cadre : c’est un contrat nécessaire, déterminant notre état social. S’affirmer citoyens, c’est signer ce contrat.

Premier paradoxe : il suffit d’être né quelque part pour devoir obéir à des lois singulières. Chacun doit reconnaître les lois du lieu dans lequel il se trouve, s’y soumettre comme on prend un train en marche... Vu sous cet angle, le contrat est léonin.

Nul n’est censé ignorer la loi. Ce principe gouverne tous les systèmes juridiques. Admettre que quelqu’un puisse l’ignorer, c’est reconnaître d’emblée l’innocence, rendre injustes les sanctions. D’où ce postulat : le citoyen n’a pas le droit de ne pas connaître la loi.

C’est un postulat nécessaire, mais c’est en même temps une fiction juridique. Plus de mille lois sont votées chaque année, des milliers de pages sont écrites et corrigées sans cesse : codes civil, pénal, européen, international... sans compter les jurisprudences. Personne ne peut connaître toute la loi. De fait, chacun peut être en infraction, sans le savoir. Nous conservons malgré tout ce postulat démocratique : nul n’échappe à la loi, donc tout homme est concerné. Parce que l’ignorer, cela peut être ne pas vouloir savoir, utiliser le “je veux pas le savoir” de l’adjudant arbitraire... La loi, formelle, doit être incontestable, donc reconnue par tous. Quand bien même elle est méconnue.

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Les hors-la-loi citoyens

SOCRATE fut condamné à mort pour impiété. Il accepta sa condamnation injuste, alors même qu’il pouvait se défiler. Il avait soutenu que les lois devaient être le moyen de favoriser l’intérêt général, quand chacun ne pense qu’à son intérêt particulier : chacun étant tout naturellement égoïste, les lois devaient forcer les hommes à se soucier du bien public, dans leur intérêt même.

Socrate est le premier philosophe reconnu comme tel. Il pense et vit ce qu’il dit. C‘est pourquoi il ne se sent pas en droit de désobéir aux lois après avoir affirmé qu’elles sont le ciment de la Cité : ou bien tout citoyen doit y obéir, ou bien nous ne pouvons plus parler de politique, et chacun ne pense qu’à son intérêt. C’est pourquoi Socrate accepte sa condamnation à mort, alors même qu’elle est injuste. Et le voici qui boit la ciguë pour la Cité qui l’a condamné.

L’ABBÉ PIERRE, fidèle insoumis, aide des gens qui n’ont plus de toit à accaparer ceux qui sont vacants. Avec Emmaüs, puis Droit au Logement, cet homme s’est maintes fois mis hors la loi. À ceux qui lui disent “vous n’avez pas le droit d’entrer ici, c’est une propriété privée !”, il répond “je fais respecter un droit que vous ne pouvez contester : le droit de vivre.” Quel toupet et quel paradoxe ! Comment trouve-t-il la force d’affirmer que la loi est illégale ? Il n’est pas le seul, ce qui oblige à constater que deux mille ans après Socrate, les hommes n’ont pas encore “compris” qu’il n’est pas permis d’ignorer les lois, même quand elles ne sont pas justes.

L’histoire fourmille de héros ayant fait passer leur conscience avant les règlements. Les “mauvais citoyens” pullulent -et pas des moindres : le Gandhi qui s’opposa à la loi anglaise, ou le De Gaule qui refusa celle de Pétain, étaient des insoumis dont les comportements immoraux entachèrent drôlement l’histoire. Tout cela ne vaut pas un bon Socrate, se sacrifiant pour sa Cité... injuste, qui d’ailleurs meurt elle aussi de toute façon.

De “mauvais citoyens” clament sur la place publique : “je vais faire quelque chose qui est interdit par la loi, et je vais le faire exprès, pertinemment, pour contester la valeur de la loi à laquelle je m’oppose : j’affirme avoir raison envers et contre tout”. Quel toupet ! Ignorant superbement la loi, ces effrontés sont condamnables. Et pourtant l’histoire peut leur donner raison. Ainsi se modernise le droit ! Souvenons nous des ostensibles provocations, de ces “salopes” osant annoncer publiquement qu’elles avaient avorté, quand l’avortement était pourtant interdit par la loi. Souvenons nous de ces “traîtres” affirmant opter pour la “désobéissance civique” en refusant de prévenir la préfecture quand ils invitaient un étranger sous leur toit. C’est parfois la loi qui doit se plier, s’ajuster devant une réalité qu’elle a trop superbement ignorée.

Nul n’ignore l’absurde

Les lois peuvent dire n’importe quoi : suffit de les torturer un brin. Et torturées, elles le sont quotidiennement. Même avec la meilleure volonté du monde, les législateurs ne peuvent ériger un système parfaitement cohérent. Résultat : les règles contradictoires fourmillent. Un bon avocat saura “faire parler” les textes, et leur inventera le sens qui convient. Alors la loi n’est plus le cadre.


Phillippe Gelück

Ce qui est respectable doit avoir un sens. Par exemple, que nous soyons tous égaux devant la loi suppose la suppression du droit (du prétendu droit) du plus fort. Mais on est face à l’absurde : soit on obéit sans comprendre (et l’on n’aura pas observé le sens de la loi), soit on adopte une éthique nécessairement singulière... et on n’obéit plus qu’aux règles qu’on juge bonnes.


Phillippe Gelück

Les diverses ignorances

  • Soit on ignore absolument la loi (faute d’être assez intelligent ou instruit pour savoir qu’il existe une référence commune permettant de régler certains aspects de la vie en société, qu’on appelle “la loi” établie par nos représentants, dont les textes sont rendus publics), et alors nul n’est censé ignorer la loi, parce que nul n’est censé être idiot au point de ne pas savoir qu’il y a des règles.
  • Soit on ignore certaines lois, faute de connaître tous les textes : cette ignorance toute relative est une nécessité. Nul n’est omniscient.
  • Soit on ne veut pas savoir qu’il y a la loi, on refuse délibérément les devoirs inhérents au “bon citoyen”.

C’est cette troisième attitude qui permet de poser pertinemment le problème. On choisit une attitude qui peut être tenue comme irresponsable, en ignorant consciemment : savoir c’est devoir, ne pas vouloir savoir, c’est refuser le devoir. On reste pourtant responsable d’avoir choisi le camp du hors la loi. Il faut alors distinguer deux cas.

  1. Celui du “méchant” ignorant superbement (il vaudrait mieux dire “monstrueusement” ici) que la loi protège les hommes les uns des autres, parce que son ego veut faire fi des lois : il fera passer ses désirs avant l’intérêt général, préférera la loi de la jungle à la jungle des lois.
  2. Celui du “gentil” qui considère qu’une loi est injuste, et qui y désobéit au nom de l’intérêt de tous.

Le droit, de quel droit ?

Les lois sont énoncées pour remplacer l’état de fait par l’état de droit... mais les faits sont là. Les lois ne sont jamais énoncées que pour ce qui ne va pas de soi, que pour modifier un état de fait intolérable : les faits ne devraient pas être ce qu’ils sont ! contestons ! désobéissons ! Allons dans la rue, réclamons, changeons ! Ainsi font de nombreux humanistes... mais pourquoi pas aussi de nombreux fascistes ? Le pouvoir de la rue est aussi nécessaire qu’effrayant : et si des lobbies réclamaient le droit de lyncher ? Qui conteste les lois, qui fait passer sa conscience avant la raison d’État, autorise quiconque à écouter et satisfaire ses propres désirs plutôt que “raison” garder.

Qui n’a jamais voulu tuer ? Qui n’a pesté alors, qu’il y ait des lois empêchant de commettre l’irréparable ? Si les lois nous semblaient toutes bonnes et si nous ne nous accordions plus le droit de contester leur valeur, nous abandonnerions tout bonnement notre conscience au législateur et, ne vivant que gouvernés par des lois toujours appliquées, nous saurions être de paisibles esclaves dans le meilleur des mondes. Mais si nous contestons l’autorité publique, nous devons carrément vivre sans loi, ou plutôt dans la loi de la rue, la loi de la jungle : l’anarchie ne vaut que s’il y a bel et bien une loi morale en chaque conscience, et qui s’accorde avec les autres. La désobéissance civique, quoiqu’elle paraisse nécessaire, est à n’utiliser jamais qu’en dernier recours, avec la prudence du manipulateur d’explosifs.

Être juste, est-ce obéir aux lois ?

Il ne semble pas que l’on soit juste en obéissant au code de la route. Les lois ne rendent pas juste, elles garantissent simplement les acquis de la société et sa constitution même. Si les lois étaient évidemment justes, les contrevenants seraient moralement condamnables. Or il ne semble pas que la légalité soit suffisante pour fonder le juste. Pour le soutenir, on se réfère à un droit idéal, on rêve à l’ensemble des lois qui devraient exister, ce qui ouvre hélas la porte aux fanatiques. Si être juste c’est reconnaître la loi, il faut convenir que la justice qu’elle définit n’est pas morale : se plier devant le règlement, ce n’est pas être juste, c’est abandonner sa propre conscience à la législation qui seule répondrait à la question “que dois-je faire ?”. Le bon citoyen doit se demander quoi faire, c'est-à-dire ce qu’il est bon de faire. La responsabilité ne se réfugie pas dans le devoir - ou, s’il est un devoir, c’est seulement celui d’obéir à la nécessité (exemple : “je dois manger”). S’interdire la critique et le non-respect, c’est restreindre la raison, ne s’autoriser que des idée courtes. Pour le dire de façon plus positive, s’autoriser la critique, c’est ouvrir sa raison, autoriser la progression des idées.

Il n’y a pas d’éthique collective. L’éthique est toujours individuelle. La dialectique réclame que chacun accepte de mettre sa conviction au contact de celle des autres -à condition d’avoir répondu devant soi de ce qu’on fait. Les lois ne doivent jamais qu’instituer ce qui est déjà devenu légitime : l’obligation morale fonde la politique. C’est pour l’avoir oublié que le législateur voit des lois sans effet : les mœurs dirigent tout. Les lois sont fondées sur un assentiment interne : être juste, c’est être moral avant d’obéir aux lois... qui doivent avoir un fondement moral. On n’obéit à la loi que parce qu’elle est légitime.

Platon l’a superbement démontré : les lois sont nécessaires parce qu’elles ne se préoccupent que de l’intérêt commun, alors que chacun serait tenté de ne se préoccuper que de son intérêt individuel. Les lois sont nécessaires pour supplanter l’aveuglement et l’inconstance des hommes. Mais les lois ne sont que nécessaires. Elles ne sont pas suffisantes. Si les hommes étaient capables de discerner le bien commun et de s’y tenir, il n’y aurait nul besoin de règlements.

Les lois ne dédouanent pas la raison de s’efforcer au bien. Nul n’est censé perdre son jugement, et c’est avant tout la raison qui fait reconnaître la nécessité des lois.

François Housset
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Aaaaaah ! Lire !

  • Platon, La République, I. Les Lois, livre IX. La République aide à comprendre la constitution pour se comprendre : chaque personnalité a plusieurs facettes distinctes (courage, désir, raison....), de même qu’une République est constituée à la fois d’une armée, de gouvernants, d’enfants, d’ouvriers...
    Le régime démocratique que critiqua Platon n'est pas si différent du notre : il fait du désir de posséder un principe moteur. La démocratie est devenue le règne du bon plaisir, excitant les ambitions, suscitant les rivalités. L'injustice règne, le désir de posséder commande tout. Il faut une sacrée dose d'ironie pour appeler ce règne du désir du nom de liberté : sa beauté n'est qu'apparente ; il n'est pas dirigé par la tête (les lois), mais par le ventre (les désirs égoïstes). C’est rarement le plus sage qui dirige, mais celui qui a su se faire élire en retournant assez joliment sa veste pour séduire les électeurs.
  • Aristote, La Politique : Aristote est sévère comme Platon à l’égard de la démocratie : la souveraineté populaire se trouve exposée aux vices des particuliers (médiocres pour la plupart, qui ne prétendent pouvoir légiférer que parce qu’ils sont nombreux). Citons, juste histoire de vous scandaliser : Livre 3, chap. 17 : “par nature, les hommes sont destinés à être gouvernés despotiquement” (Aristote vante les avantages du despotisme sur la démocratie : la démocratie est trop pervertie pour que ce soit la loi qui régisse les hommes ; aucune loi ne peut plus valoir quand c’est bien le peuple qui gouverne, c’est-à-dire exerce au jour le jour et dans chaque cas particulier sa liberté capricieuse. La démocratie finit inévitablement en démagogie, et les désirs insatiables prennent le dessus : les “souverains de l’opinion du peuple”, qui savent retourner leurs vestes, flatter et agir en méprisant l’intérêt véritable de la Cité, ne font pas de politique, parce que “partout où les lois ne gouvernent pas il n’y a pas de constitution”. Ce n’est que parce qu’il est despotique que le pouvoir relève de l’ordre politique !
  • Spinoza Traité de l'autorité politique : la loi représente l'union des forces de tout un peuple pour adopter une règle commune, seul moyen de vivre ensemble en véritable harmonie. On retrouvera la même idée chez Rousseau affirmant que la liberté est l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite. L'État est institué “pour libérer l'individu de la crainte, pour qu'il vive autant que possible en sécurité, c'est-à-dire conserve, aussi bien qu'il se pourra, sans dommage pour autrui, son droit naturel d'exister et d'agir. Non, je le répète, la fin de l'État n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celles de bêtes brutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'État est donc en réalité la liberté.”
  • Rousseau :
    Le Contrat Social: il faut «trouver une forme de gouvernement qui mette la loi au-dessus de l’homme». “Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant.” “Puisqu’aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes.”
    Discours sur l'origine est les fondements de l'inégalité parmis les hommes : Le début de la seconde partie de ce chef d'œuvre explique les fondements du droit, l'arbitraire de la loi, fondamentalement injuste parce que la propriété privé fut le premier droit affirmé, par le premier qui en eut le culot : "Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne."
  • NIETZSCHE : Généalogie de la morale (montre qu’historiquement ce sont les maîtres qui définissent le Bien et la Vérité)
  • Rawls : Théorie de la justice : idée qu’il faut que les citoyens puissent se dévouer.
  • Foucault : Surveiller et punir : c’est l’emprise du carcan social qui rend le citoyen prévisible.
  • MONTESQUIEU, L’esprit des Lois : Livre III, chap. IX : le principe du gouvernement despotique est la crainte. Le despote règne par la terreur, mais lui-même, craignant pour son pouvoir et pour sa vie, est condamné à ne cesser, pas un instant, de se faire craindre. Il n’est pas vrai qu’il existe des despotes libéraux, éclairés ou humanistes. Car l’homme qui tremble est une bête traquée, qui perd les sentiments humains. Le civisme et l’estime de soi, qui font les sociétés humaines, ne peuvent exister dans un régime despotique. Le gouvernement despotique, parce qu’il déshumanise les hommes ressemble à une froide machine, qui ne peut cesser de faire trembler sans cesser d’être. Livre IV chap. IV : montre un beau paradoxe : dans la tyrannie, il n’y a plus de maître, vu que le tyran est en même temps esclave : vivant dans l’oppression permanente d’un complot, il n’a pas la liberté fut-ce de baisser les yeux : les hommes soumis ne plient que tant qu’ils sont sous son joug, et profiteront du moindre faux-pas de leur maître pour se libérer de leurs chaînes.
  • Hobbes. Leviathan. La domination est l’essence même de l’ordre politique. Le peuple s’engage à respecter un contrat unilatéral, qui n’engage que le peuple -pas le gouvernant, qui de fait est leur maître. L’ordre politique est au prix d’un pouvoir absolu du souverain. Une souveraineté ne se partage pas, elle est nécessairement une et indivisible, supérieure et extérieure au peuple, implacable donc efficace.
  • Locke, Essai sur le gouvernement civil. §§ 95 et 99 : “Les hommes étant tous libres, égaux et indépendants par nature, personne ne peut être tiré de cet état naturel, ni soumis au pouvoir politique d’un autre homme, sans son propre consentement... Ce qui est à l’origine d’une société politique, ce qui la constitue véritablement, c’est uniquement le consentement d’un certain nombre d’hommes libres capables de former une majorité pour s’unir et s’incorporer à une telle société.”
  • SARTRE, L’existentialisme est un humanisme : chacun est libre donc responsable, et doit "faire avec" les lois.
  • Déclaration des droits de l'homme : “Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation, nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. ”
  • Auguste COMTE, Système de Politique positive : chaque citoyen est pétri des devoir qu'il a à rendre, et ne doit s'accorder le droit de s'en éloigner. “La décomposition de l’humanité en individus proprement dits ne constitue pas qu’une analyse anarchique, autant irrationnelle qu’immorale, qui tend à dissoudre l’existence sociale au lieu de l’expliquer, puisqu’elle ne devient applicable que quand l’association cesse. Elle est aussi vicieuse en sociologie que le serait, en biologie, la décomposition chimique de l’individu lui-même en molécules irréductibles dont la séparation n’a jamais lieu pendant la vie.”
  • Nul n’est censé ignorer la loi de Pierre-Olivier Sur, JC Lattès

Citations

Contre les principes incontestables de la loi :
“articles de foi politique, des articles consacrés, qu’il faut recevoir avec soumission, qu’il n’est plus permis d’examiner. Philosophe ! Voilà ton premier pas. Abjurer l’emploi de la raison !”
BENTHAM, Sophismes anarchiques, commentaire du Préambule.

“Ne commandez que quand vous saurez obéir”
SOLON.

“L’homme qui obéit à la violence se plie et s’abaisse ; mais quand il se soumet au droit de commander qu’il reconnaît à son semblable, il s’élève en quelque sorte au-dessus de celui même qui lui commande. Il n’est pas de grands hommes sans vertu ; sans respect des droits il n’y a pas de grand peuple : on peut presque dire qu’il n’y a pas de société ; car qu’est-ce qu’une réunion d’êtres rationnels et intelligents dont la force est le seul lien ?”
TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique.

“La loi est la raison humaine en tant qu’elle gouverne tous les peuples de la terre, et les lois politiques et civiles de chaque nation ne doivent être que les cas particuliers où s’applique cette raison humaine.”
MONTESQUIEU, L’esprit des Lois.

“Si dans l’intérieur d’un État vous n’entendez le bruit d’aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n’y est pas.”
MONTESQUIEU, Considérations.

“C'est la nécessité plutôt que l'intention morale qui détermine dans chaque cas quelle est la conduite sensée à tenir. C'est pourquoi la société civile ne peut pas même aspirer à être juste purement et simplement. Toute légitimité a sa source dans l'illégitimité ; il n'est pas d'ordre social ou moral qui n'ait été établi à l'aide de moyens moralement discutables : la société civile n'est pas enracinée dans la justice mais dans l'injustice, et le fondateur du plus célèbre des empires est un fratricide."
Léo STRAUSS, Droit naturel et histoire.

“Dira-t-on qu’on ne doit obéir aux lois qu’en tant qu’elles sont justes ? On autorisera les résistances les plus insensées ou les plus coupables, l’anarchie sera partout. Dira-t-on qu’il faut obéir à la loi en tant que loi, indépendamment de son contenu et de sa source ? On se condamnera à obéir aux décrets les plus atroces et aux autorités les plus illégales. [...] L’obéissance à la loi est un devoir, mais, comme tous les devoirs, il n’est pas absolu, il est relatif ; il repose sur la supposition que la loi part d’une source légitime, et se renferme dans de justes bornes.”
Benjamin CONSTANT, Des droits individuels.

“Le voleur pourra toujours critiquer la répartition des fortunes, le traître s’attaquer à la politique étrangère de son pays, l’épouse adultère rejeter comme bourgeoise la législation familiale.”
Donnedieu de VABRES.

“Aussi longtemps qu’une loi, bien que mauvaise, ne tend pas à nous dépraver ; aussi longtemps que l’autorité n’exige de nous que des sacrifices qui ne nous rendent ni vils ni féroces, nous pouvons y souscrire. Nous ne transigeons que pour nous. Mais si la loi nous prescrivait, comme elle l’a fait souvent durant des années troubles, si elle nous prescrivait, dis-je, de fouler aux pieds et nos affections et nos devoirs ; si, sous le prétexte absurde d’un dévouement gigantesque et factice à ce qu’elle appelle tour à tour république ou monarchie, elle nous interdisait la fidélité à nos amis malheureux ; si elle nous commandait la perfidie envers nos alliés, ou même la persécution envers nos ennemis vaincus : anathème et désobéissance à la rédaction d’injustices et de crimes ainsi décorée du nom de loi !”
Benjamin CONSTANT, Des droits individuels.

“CREON : Et tu as osé transgresser cet arrêt ?
ANTIGONE : Oui, car ce n'est pas Zeus qui l'a proclamé, ni Dikè qui demeure avec les Dieux d'en bas ; ils n'ont pas fixé pareilles lois chez les hommes ; je ne croyais certes pas que tes proclamations avaient tant de pouvoir pour permettre à un simple mortel d'enfreindre les lois non écrites et inébranlables des dieux !”
SOPHOCLE.

Savoir, et ne point faire usage de ce qu'on sait, c'est pire qu'ignorer.
Alain, Propos sur l'éducation (1932)

Feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore, d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne pas voir ce qu'on entend..., voilà toute la politique.
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (1784)

Savoir mal est pire qu'ignorer.
Giacomo Giovanni Girolamo Casanova, Mémoires

Nul n'est censé ignorer la joie.
Jean-Louis Fournier, Grammaire française et impertinente

L'homme ne peut agir que parce qu'il peut ignorer. Mais il ne voudrait agir qu'en connaissance de cause - funeste ambition.
Jean Grenier , Lexique

Il y a deux manières d'ignorer les choses: la première, c'est de les ignorer; la seconde, c'est de les ignorer et de croire qu'on les sait. La seconde est pire que la première.
Victor Hugo, Océan prose

Savoir ce que l'on affronte est alarmant, mais l'ignorer est terrible.
Victor Hugo, L'Homme qui rit (1869)





La loi est implacable, mais la loi est imprévisible. Nul n'est censé l'ignorer, mais nul ne peut la connaître.
Georges Perec, W. ou le Souvenir d'enfance (1975)




Nul n'est censé ignorer la Loi. Il y a plus de deux cent mille lois.
Jules Renard, Journal, 13 mai 1901





Mal savoir ne vaut pas mieux que tout ignorer...
Gustave Thibon, L'équilibre et l'harmonie (1976)

Que de choses il faut ignorer pour «agir»!
Paul Valéry, Choses tues (1930)




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Commentaires

"Il y a des lois, en France, contre l'insulte. Il y a des lois contre la diffamation. N'est-ce pas la moindre des choses d'avoir une loi qui pénalise une insulte absolue, cet outrage qui passe par tous les outrages, et qui consite à outrager la mémoire des morts ?" ... "Ce sont les négationnistes qui, avec leurs truquages et leurs folies, brouillent les pistes et compliquent les choses. Et c'est la loi qui, au contraire, protège les chercheurs et les met à l'abri." Bernard-Henri Lévy, Extraits du discours prononcé lors du meeting du 17 janvier 2007 à la Mutualité pour la pénalisation du négationnisme.

pour une lecture vraiment fructueuse sur l'esprit des lois.

A Antigone arménienne. Ne penses-tu pas que ce que dit le philosophe milliardaire (oxymore ?) BHL est de l'ordre de la pensée fasciste ? C'est pourtant simple: imposer aux citoyens la croyance en un événement historique, leur interdire d'exposer des recherches pouvant contredire entièrement ou partiellement cet événement, est simplement contraire à la liberté d'expression et la liberté d'opinion, droits fondamentales dans une démocratie et un Etat de droit.
Si le devoir de mémoire est important pour ne pas refaire les même erreurs, imposer légalement une croyance immuable et irréfragable comme on impose une religion (et encore, ici, la sanction est dans l'au-delà), revient à la sacraliser... Après, c'est toi qui voit si ça te dérange pas de vivre en dictature...

droits fondamentaux*

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